Se prosterner, embrasser les pieds ou les mains, se déchausser devant un sultan ou implorer un pardon, sont autant d’expressions de la servitude qui codifient les rapports entre dominants et sujets. L’histoire regorge d’exemples de ces relations inégalitaires, savoureuses ou cruelles. Incursion dans l’univers de l’humiliation
Nichée dans les hauteurs de l’Atlas, se cache Midelt, bourgade balayée par les vents et soumise aux rigueurs de l’hiver. La petite ville, d’ordinaire discrète, a pourtant défrayé la chronique en abritant un étonnant fait divers, en février 2013. C’est l’histoire d’un jeune tôlier, qui pour faire pardonner son «insolence», a dû se jeter aux pieds du substitut du procureur, pour en embrasser les chaussures. L’affaire prend des proportions insoupçonnées, suscite d’innombrables protestations. Au cours de sit-in, certains manifestants brandissent des pancartes sur lesquelles nous pouvons lire la célèbre injonction prêtée au deuxième calife de l’Islam, Omar Ibn Khattab : « De quel droit, devez-vous assujettir les gens, alors qu’ils sont nés libres ? » Des réactions qui réfèrent non seulement à la tradition rebelle de cette ville de culture amazighe, mais renvoient surtout à un phénomène particulièrement ancré dans la conscience collective, et pour le moins réel : l’humiliation et la servitude, éléments de l’exercice du pouvoir. Ce fait divers interpelle la société et offre une occasion inespérée de réaliser la radioscopie de ce procédé propre aux sociétés orientales.
Par Hassan Aourid
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