Façonné par son expérience au sein de l’Aéropostale, Antoine de Saint-Exupéry s’est découvert dans ce désert marocain qui l’a longtemps fasciné. Il y fait les plus belles rencontres de sa vie : l’aviation et la littérature.
Antoine de Saint-Exupéry à Cap Juby (Tarfaya) en 1927, c’est l’histoire d’une étonnante rencontre entre un homme et son destin. Ce fils d’une grande famille d’aristocrates français, se retrouve soudainement plongé au milieu de tribus maures insoumises, coincé entre les murs d’une baraque sans confort, à attendre le passage d’avions pétaradants chargés de courriers : le summum de la technologie et de la modernité. Antoine de Saint-Exupéry est nommé à Cap Juby le 19 octobre 1927. Il y occupe la fonction de chef d’aéroplace pour les Lignes aériennes Latécoère, qui prendront, quelques années plus tard, le nom d’Aéropostale. Les pilotes des Lignes Latécoère transportent du courrier, et parfois quelques passagers, entre la France, le Maroc et le Sénégal puis le Brésil, l’Argentine et le Chili. Il n’est pas encore l’écrivain connu de tous aujourd’hui. C’est à Cap Juby qu’il le devient. Il n’a pas non plus derrière lui une longue carrière d’aviateur ou des faits d’armes reconnus aux commandes d’un appareil. Mais il est fasciné par l’aviation depuis l’été de ses 12 ans, lorsqu’il réussit à convaincre un pilote, sur un petit aérodrome, de le laisser monter dans son avion. Premier vol et premiers vers écrits le jour même : « Les ailes frémissaient sous le souffle du soir Le moteur de son chant berçait l’âme endormie Le soleil nous frôlait de sa couleur pâle».
Par Frédéric Coconnier
La suite de l’article dans Zamane N° 29