Yves Allain. Un inconnu du grand public. Agent de l’ombre, sa mort mystérieuse en 1966 à Mehdia, au Maroc, sera révélée par la presse, au grand dam des services secrets marocains et français.
Au mois de juillet 2011, lors du passage du Tour de France en Bretagne, près de la commune de Trégourez, Jean-Paul Ollivier, un des célèbres présentateurs de cette compétition cycliste, rappela aux Français l’histoire d’un fils de la région, Yves Allain, mort assassiné au Maroc en 1966. Jusque-là, personne ne se souvenait ni de ce nom, ni de cette lointaine et sombre affaire, mais son évocation par cette grande voix sportive réveilla quelques souvenirs. Des historiens locaux sont alors allés chercher des informations et l’illustre inconnu se révéla être un personnage entreprenant, un homme brillant et un authentique résistant et héros de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). Né en 1922, Yves Allain est entré en 1940 en Hypokhâgne (une des classes préparatoires en France) au prestigieux lycée Henri IV de Paris, avant, par la force des choses et celle d’un caractère bien trempé, de se retrouver dans la résistance française contre l’occupant nazi. À une époque, faut-il le rappeler, où la majorité des Français, peuple et dirigeants inclus, avaient choisi la voie de la collaboration avec le Troisième Reich. Durant les quatre années que dure la guerre, Yves Allain se charge de récupérer et de convoyer vers des endroits sûrs les aviateurs alliés qui tombaient en France. Il fait passer aussi en Espagne ceux qui cherchaient à fuir le pays, militaires ou civils. Chef d’un réseau local à la fin de la guerre, il se fera remettre plusieurs décorations, françaises et étrangères. Ses exploits font que naturellement, à la fin de la guerre, il soit recruté par les nouveaux services secrets issus de la Résistance et qui deviendront plus tard le SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage). On l’envoie alors en mission à l’étranger, dans le monde arabe, en Asie, puis en Indochine, en pleine guerre.
Par Adnan Sebti
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