Depuis sa naissance sous l’ère almoravide, et jusqu’à l’époque moderne, la ville ocre a toujours compté sur l’eau, d’abord pour naître, ensuite pour se développer. Retour sur une histoire d’eau pleine d’innovations qui retracent, à leur manière, toute l’histoire de la ville.
Les khettaras sont des ouvrages constitués de galeries souterraines de plusieurs kilomètres, à des profondeurs très importantes, allant jusqu’à 50 mètres. La galerie est construite sous forme de tunnel qui permet d’écouler l’eau jusqu’à la surface. La hauteur de la galerie est de 1m80 et permet la circulation aisée d’un homme aussi bien pendant la construction, que l’entretien. Dans la ville de Marrakech, les principales khettaras appartenaient aux habous, qui en assuraient la gestion. À partir de l’époque saâdienne, ces institutions pieuses, souvent groupées autour d’un saint, étaient si importantes qu’elles étaient encouragées par l’Etat, comme l’institution des Sbaâtou Rijal. Les quartiers de Bab Doukkala, Sidi ben Slimane, Sidi bel Abbas sont l’expression urbaine de ces institutions ayant développé des quartiers très structurés dotés de mosquées, fontaines, hammams, médersas, bibliothèques, etc. Il existe différentes étapes dans l’édification d’une khettara. La première consiste à détecter la présence de l’eau souterraine. Un puits mère est alors creusé afin d’atteindre la nappe. La construction d’une galerie permet, quant à elle, de drainer l’eau de la nappe d’une manière régulière et gravitaire, par une pente très faible, jusqu’à la surface. L’intervention d’un spécialiste était donc indispensable pour déterminer la pente de la galerie.
Par Soad Belkeziz
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