Du nord de Fès aux montagnes du Moyen-Atlas, des ruines rongées par l’oubli racontent l’histoire d’une cité médiévale peu connue à nos jours. Une équipe de chercheurs est partie à sa découverte. Le fruit de son étude et de ses recherches est réuni dans l’ouvrage collectif «Le pays deS Saddina».
« Le nom de Saddina n’évoque rien de notable pour les connaisseurs de l’histoire du Maghreb ». Tel est le constat qui introduit aux recherches de Grigori Lazarev, Brahim Akdim et Virgilio Martínez Enamorado sur le pays des Saddina. De ce pays et de ses habitants, rien n’est su jusqu’ici, ou presque : « Le groupe tribal que désignait cet ethnonyme n’apparaît nullement comme un acteur de l’histoire », lit-on dans l’ouvrage collectif* des chercheurs. Les premières pistes ont montré que Saddina aurait été occupée aux IXe et Xe siècles. Grigori Lazarev indique que les mentions historiques ont permis de retrouver la ville sous les Almoravides (1040-1147) et même au XIVe siècle : « Les premiers travaux de céramologie confirmèrent l’existence d’une céramique de type urbain, ainsi qu’une occupation du site depuis le XIIe siècle jusqu’à la fin des Mérinides (1269-1465, ndlr), au milieu du XVe siècle ». Plus loin, les recherches nous apprennent que la ville aurait servi de refuge à la population de Fès, connue pour sa résistance aux Almoravides : «C’est dans la ville de Saddina qu’eut lieu l’un des derniers combats, et à cette occasion, nous rapportent les sources, les murailles de la ville furent détruites». Dès lors, Saddina apparaît comme une cité disparue, voire effacée de l’époque médiévale du Maroc. Sa destruction complète serait restée sans suite.
Par Ghita Zine
La suite de l’article dans Zamane N° 55