En avril 1992 débute un retentissant procès. Noubir Amaoui, numéro un de la CDT, est accusé de diffamation à l’encontre du gouvernement de Azzeddine Laraki. L’affaire mêle politique, lutte d’influence et règlement de comptes. Une publicité mal venue pour un régime qui prône l’ouverture démocratique.
Comme à son habitude, Noubir Amaoui commence sa journée par s’enquérir de l’actualité. Une matinée routinière en ce mardi 24 mars 1992 s’annonce. Le secrétaire général de la Confédération Démocratique du Travail (CDT) ne se doute de rien jusqu’à ce qu’il monte dans sa voiture. En route vers le siège de son syndicat, il remarque que des policiers le prennent en filature. Intrigué mais pas inquiet, il poursuit son chemin qui le mène vers le quartier de Derb Omar à Casablanca. Le leader syndical révélera par la suite qu’il s’attendait à des pressions liées à la grève organisée et prévue quelques jours plus tard. Il se trompe, l’heure est bien plus grave. Le dispositif sécuritaire déployé devant le siège de la CDT dépasse de loin les intimidations habituelles. Noubir Amaoui apprend qu’il est en réalité sous le coup d’une accusation portée par l’ensemble du gouvernement marocain. En effet, le Premier ministre Azzeddine Laraki a porté plainte contre le syndicaliste suite à une interview accordée par ce dernier au quotidien espagnol El Pais. Cet entretien paru le 11 mars de la même année contient les diatribes coutumières du tonitruant syndicaliste et membre du bureau politique de l’USFP. Personnalité médiatique atypique, Noubir Amaoui n’est pas connu pour sa modération. En réponse au journaliste, il qualifie les membres de l’équipe gouvernementale marocaine de «voleurs» ou «chapardeurs». Dans sa version espagnole, le terme prêté à Amaoui est celui de «Mangantes».
Par Sami Lakhmari
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