L’actualité du terrorisme interroge aussi notre histoire, notre rapport à la religion, à l’Occident. Elle interroge surtout l’évolution de notre société et de notre temps. Analyses et entretiens croisés, Zamane fait le point sur la question.
Les attentats se suivent et ne se ressemblent pas. Du moins en apparence. De Beyrouth à Tunis, en passant par Paris, Bamako, Ankara ou encore le Sinaï, les derniers actes terroristes ont obéi à des modes opératoires différents. Mais si la manière varie, le fond reste le même. Et ce fond, on est bien obligés de l’appeler le Jihad, le grand Jihad, prôné par Daech ou Al Qaïda, via l’une de ses bifurcations à Bamako. En six semaines à peine, six attaques d’une rare violence ont été menées sur trois continents différents. Et sans autre revendication que le Jihad, que l’on a connu depuis les premiers temps de l’Islam comme une guerre sainte, menée au nom d’une idéologie, et sans aucune revendication politique ni territoriale. A moins, bien entendu, de considérer que la double revendication politique et territoriale ne peut que se dissoudre dans le cadre plus large d’une guerre sainte, celle-ci ayant pour visée la conquête et l’islamisation de nouvelles contrées peuplées d’impies et d’incroyants. Partout, donc, les attentats ont été commis au nom de l’Islam, d’un certain Islam. Il y a même une certaine familiarisation avec la rhétorique qui accompagne cette barbarie nouvelle. Et on s’habitue à tout, même au pire. Les mots islam et terrorisme sont en passe d’être assimilés, aux yeux de l’opinion mondiale, à un couple infernal. Infernal et inséparable. Mais est-ce juste ? Peut-on se contenter de cette lecture sommaire et juger l’Islam hâtivement non conforme aux valeurs universelles de notre temps ? N’y a-t-il pas, aussi, d’autres vecteurs de la violence, d’autres raisins de la colère, d’autres responsabilités à traquer comme une aiguille dans une botte de foin, au milieu de ce capharnaüm qu’est le monde moderne ?
Par Karim Boukhari
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