Les accords de Sykes-Picot de 1916, qui renvoient à cette oeuvre de dépeçage du Moyen-Orient entre la Grande-Bretagne et la France, sont considérés comme le vice rédhibitoire de la région, l’origine de son mal et la cause de son retard. Mais avant, il y a eu le Maroc…
Avant ces «funestes» accords, Britanniques et Français avaient conclu, en 1904, un accord sur ce qu’on appelait «la question marocaine», un avantgoût de Sykes-Picot, qui porte sa philosophie et son modus operandi. Une satisfaction des prétentions européennes sur la base d’un partage territorial qui ne tient compte ni des populations, ni de leurs gouvernants et leurs tuteurs. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’accord secret entre la Grande-Bretagne et la France, dont les énoncés ne devaient pas être ignorés des Allemands, portait en lui les germes de la Grande guerre. L’historique de cet accord n’est pas, in fine, qu’affaire marocaine ou d’histoire coloniale, mais de portée universelle. Il est l’une des causes de la Première guerre mondiale, par l’un des aspects qui seront fustigés dans les 14 points de Wilson à la conférence de Versailles en 1919, la diplomatie secrète et l’équilibre des forces (balance of power). On sait, désormais, que tout accord devait être enregistré aux Nations Unies (disposition contenue dans la SDN et reconduite dans la Charte des Nations Unies) et que le multilatéralisme fait place à l’équilibre des forces qui ont mené à la Grande guerre.
Par Hassan Aourid
Lire la suite de l’article dans Zamane N° 81-82