L’économie capitaliste ? Le royaume est tombé dedans par contrainte, à la faveur des assauts impérialistes et de la colonisation. Elle a surtout favorisé les affairistes français et limité les ambitions d’une certaine élite marocaine. Jusqu’à ce que cette dernière se révolte…
Passer du Far-West au Texas. Une analogie, qui résume à merveille la volonté économique de la France au Maroc, après l’instauration de son protectorat en 1912. Mais en réalité, c’est déjà par l’économie que le lent processus de mise sous tutelle du Maroc a pu avoir lieu. Dès la fin du XIXème siècle, l’économie traditionnelle de l’Empire chérifien, agricole dans son essence, est déstructurée par l’assaut des puissances européennes. Les conflits militaires directs, le soutien étranger à des caïds locaux dissidents au pouvoir central, et la distribution du statut de « protégés » à une partie non négligeable de l’élite marocaine, poussent le makhzen à capituler, s’ouvrant au passage aux produits du capitalisme européen à travers des accords commerciaux signés avec l’Angleterre (1856), l’Espagne (1861) et la France (1863).
En 1880, le Congrès de Madrid confirme le « droit » à la protection consulaire et l’étend à tous les Etats, Européens et Américain. Les (nombreux) sujets du sultan, qui jouissent de ce statut, peuvent dès lors se soustraire à l’impôt ; ce qui engendre une forte baisse des recettes financières pour l’Etat. C’est, entre autres, ce qui va enfoncer le makhzen dans une crise financière gravissime et le pousser à contracter des emprunts. Entre 1902 et 1910, le Maroc va considérablement s’endetter en demandant pas moins de cinq prêts auprès des Européens, notamment auprès de la banque Paribas (101 millions de francs) ; ce qui précipitera la fin de son indépendance…
Lire la suite de l’article dans Zamane N°98 (janvier 2019)