Avant l’avènement de la dynastie alaouite vers le milieu du XVIIème siècle, la côte marocaine entre Rabat et Tétouan échappait à toute autorité, qu’on pourrait qualifier aujourd’hui de «nationale». Les Dilaïtes étaient le seul pouvoir conséquent parmi la mosaïque des pouvoirs en place, mais leur autorité n’englobait pas les ports. D’où le foisonnement des aventuriers de tout bord, surtout parmi les morisques, qui pouvaient prétendre à un jihad légitime contre ceux qui les ont chassés de leur terre. Tétouan et Salé allaient devenir des bases de ce qu’on appelait «la piraterie barbaresque», à l’instar d’Alger ou de Tripoli. Les activités des capitaines de mer salétins (en fait des Rbatis de Salé la Neuve) touchaient des terres aussi lointaines que l’Irlande ou l’Europe du Nord. Eh oui ! S’agissait-il de pirates ou de corsaires ? Pour les Européens, la réponse ne faisait pas de doute. Les gens de Rabat, eux, pouvaient avancer l’argument que leur ville était dotée d’un gouvernement autonome dont la souveraineté était internationalement reconnue, à travers les traités et conventions que «la république du Bouregreg» signait avec les nations d’Europe, et leur activité maritime n’était donc pas différente de celle des pays européens, y compris la Grande-Bretagne. Dans ce cas, il faut parler de «course» et non de «piraterie».
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