On assiste à un mouvement de création de musées à travers le Maroc. Si la fondation des Musées a été la première à initier cette action en créant ou en réhabilitant des musées, des institutions, des maires, des régions ou de simples personnes participent chacun selon ses convictions, ses moyens et ses visées proches ou lointaines à cette entreprise. Ainsi pour la seule ville de Rabat on relève le désormais célèbre musée Mohammed VI de l’Art Moderne et Contemporain, le musée des civilisations, le musée de la Photographie…
Mais des villes loin du centre pensent déjà à leur musées. Ainsi la ville d’Al Hoceima à le projet de mettre en place le musée de la culture du Rif, Nador celui de l’Immigration… Si ces musées sont encore sur le papier, celui d’Azilal pour les Sciences de la nature est sorti de terre et celui de l’Arganier à Taghazout (Agadir) est en train de de pousser à son tour. Chaque semaine on annonce la création d’un musée ici ou là…
Mais entre les bonnes intentions et la réalisation il y a bien entendu des écarts. Que mettra-t-on dans un musée ? Comment le gérer ? Comment présenter les patrimoines nationaux ou des régions ? C’est ce qui semble interpeller les autorités muséales du pays.
Ainsi, le parlement a voté à l’unanimité d’une part un projet de loi en vue de la réorganisation de la Fondation des musées déjà créée en 2011, et d’autre part un autre projet de loi visant à réorganiser la pratique muséale au Maroc. Il sera dorénavant demandé à toute personne voulant créer un musée même familial ou strictement personnel de passer sous le regard d’une commission de la Fondation. On lui demandera les objets qu’il compte exposer, comment envisage-t-il de les montrer et quelle gestion de l’institution il propose. On le sait bien depuis la création de cette institution beaucoup de villes, de ministères, d’institutions privées, se sont dépêchées de protéger leur lieux artistiques pour ne pas les voir bouffés par le nouvel arrivé sur la scène. Mais il faut bien que la Fondation joue le rôle qui lui est dévolu, à savoir celui de réguler la scène artistique, comme cela se fait un peu partout dans le monde avec des différences qui relèvent de la politique, de l’économie et d’autres considérations.
On ne peut bien entendu que saluer une telle entreprise. Une nation qui ignore son patrimoine, qui ne le soumet pas à l’étude critique est une nation qui prend le risque de voir ces citoyens se sentir comme des vagabonds de l’histoire. C’est en se sentant enraciné dans l’histoire qu’on peut se donner les ailes pour aller vers l’avenir.
Or dans toute la liste énumérée, et je n’ai pas tout listé, on constate l’absence désolante de la plus grande métropole du Maroc ; Casablanca. Serait-elle une ville venue de nulle part ? Sans histoire, sans racines ? Faut-il s’étonner alors quand on voit les jeunes détruire leur ville, ses biens son histoire ?
À qui incombe la responsabilité ?
À la ville et sa mairie bien sûr.
Par Moulim El Aroussi