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L’Espagne, notre meilleur ennemi ?

La Rédaction par La Rédaction
13 février 2018
dans OPINIONS, POLÉMIQUES
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Sur fond de crise à Laayoune, le Maroc vient d’annoncer la « réévaluation de ses relations avec le voisin espagnol ». Simple malentendu ou mésentente durable ? Une historienne espagnole et un spécialiste marocain de relations internationales répondent.

Selon les chiffres officiels, près de trois millions de personnes auraient manifesté à Casablanca, dimanche 28 novembre, contre le Parti populaire espagnol. La récente affaire du démantèlement du camp de Gdim Izik, près de Laâyoune, son traitement par les médias espagnols et sa récupération par le parti de Jose Maria Aznar n’ont fait que raviver un contentieux maroco-espagnol ancien. Les crises se répètent et se ressemblent: qu’il s’agisse de l’ilot Leila, de la visite de Juan Carlos à Sebta et Melilia, ou du cas Aminatou Haidar, la relation entre les voisins semble gérée, des deux côtés, par l’émotionnel et la précipitation. En fait, pour comprendre la nature du contentieux, il faut sans doute revenir à son origine: il s’agit d’abord d’un différend territorial, renforcé par des lectures différentes de l’Histoire…
Car, c’est un fait, l’Espagne est toujours présente sur le territoire marocain. Tout comme l’esprit colonialiste de nos voisins se perpétue au Parti populaire, où nombre d’héritiers du franquisme ont trouvé refuge. De leur point de vue, pour empêcher le Maroc de revendiquer “ses présides occupés”, il est important de faire durer, éternellement si possible, le conflit du Sahara. Pour ce faire, tous les moyens sont bons. Et l’Histoire est souvent convoquée pour montrer le fossé qui sépare l’Espagnol du Moro. Le Moro, réputé fourbe et dangereux, est ainsi l’héritier d’Al-Andalus, de la guerre du Rif, de la guerre civile espagnole, de la Marche verte. Aujourd’hui, il prend le visage du trafiquant de drogue, de l’immigré clandestin ou du travailleur saisonnier, tous persona non gratae en Espagne. Les médias espagnols ne font-ils que suivre ce mouvement ou en sont-ils la locomotive?

Géopolitique de mauvais voisinage
La géopolitique a aussi ses raisons. La Méditerranée est en effet un espace vital pour les deux pays, et le détroit de Gibraltar l’est pour le monde entier. Depuis une dizaine d’année, le Maroc y est de plus en plus présent, à travers de grands projets dans le nord du pays. Un port militaire a été construit à Ksar Sghir et l’étau se resserre sur de nombreux ports espagnols (Malaga, Sebta et Melilia). « L’économie de Sebta et Melilia n’est plus la même depuis quelques années. Une grande crise s’abat sur les deux villes », analyse Maria Rosa De Madariaga, historienne espagnole, spécialiste du Maroc.
Du côté marocain, la situation n’est pas reluisante pour autant, et le Maroc tient sa part de responsabilité dans les relations peu amicales qu’il entretient avec son voisin septentrional. L’Espagne est ainsi présentée comme responsable des déboires du pays dans le bourbier sahraoui. Sans doute l’Etat marocain croit-il de la sorte se dispenser de rendre des comptes: sous tous les cieux, la désignation d’ennemis extérieurs, parfois imaginaires, permet souvent de reporter les réformes démocratiques et d’éviter les sujets qui fâchent vraiment. D’autant que le Maroc a rarement fait de cadeaux à son voisin du nord. Depuis l’avènement de Mohammed VI, l’Espagne a ainsi manifesté un véritable intérêt pour l’économie marocaine. Les investisseurs espagnols ont répondu présent dès les premiers signes d’ouverture lancés par le Maroc… sauf que ce dernier a toujours préféré les investissements français. Dernier exemple : le deuxième opérateur de téléphonie mobile marocain, Méditel, est passé du giron espagnol à celui de France Télécom. Le Maroc n’a-t-il pas ici perdu la chance de peser sur l’opinion publique espagnole à travers un de ses hommes d’affaires les plus influents ?
Pour mieux comprendre la nature du contentieux maroco-espagnol, voici deux entretiens. Le premier, avec Maria Rosa De Madariaga. Le deuxième, avec le professeur de relations internationales Aziz Hasbi, ancien ministre et ancien représentant du Maroc à l’ONU.

Maria Rosa de Madariaga historienne, auteure de plusieurs ouvrages, notamment sur la Guerre du Rif et Abdelkrim El Khattabi
« L’expérience espagnole est un bon exemple pour le Maroc  »

En ce moment, les relations entre l’Espagne et le Maroc penchent plutôt vers le conflit. Pourquoi ? 
Ce n’est pas la première fois que les relations entre l’Espagne et le Maroc sont particulièrement tendues, mais on fait beaucoup de bruit pour rien. On a beau faire des déclarations retentissantes, je ne pense pas que les choses aillent plus loin. Le bon sens finit toujours par s’imposer, bien qu’il n’y ait, dans les deux pays, des personnes ou des groupes obstinés à chauffer les esprits et à dresser les opinions publiques les unes contre les autres, en versant dans la surenchère nationaliste. On entre ainsi dans une escalade verbale qui fait craindre le pire, alors qu’il y a trop d’intérêts entre les deux pays pour qu’on puisse se permettre d’entrer dans un conflit ouvert.

Quel rôle joue l’Histoire dans le différend maroco-espagnol ?
Il est évident que l’Histoire joue un rôle important. Il y a des problèmes hérités du passé qui sont toujours là et qui se manifestent de temps à autre avec plus ou moins de virulence. Existent également, d’un côté comme de l’autre, beaucoup de susceptibilités, d’amour propre, et il suffit d’une petite étincelle pour mettre le feu aux poudres. Je pense qu’il y a, tant en Espagne qu’au Maroc, des éléments qui se plaisent à envenimer les choses et à jeter de l’huile sur le feu. Mais, comme je l’ai déjà dit, le bon sens finira heureusement par l’emporter parce qu’il y a, de la part des deux gouvernements, la volonté politique de surmonter les désaccords. Les deux gouvernements ont conscience qu’il y va de leur intérêt mutuel.
Et puis, si l’Histoire a creusé des fossés entre les deux pays, elle a aussi construit des ponts. La présence coloniale espagnole au Maroc a sans doute laissé des traces douloureuses, des blessures et des cicatrices dans les corps et dans les âmes, des souvenirs amers, causés surtout par les guerres sanglantes qui se sont succédé et au cours desquelles des milliers d’Espagnols et de Marocains sont morts. Mais cette présence a également contribué à tisser des liens affectifs entre des gens qui se sont côtoyés au quotidien et ont appris à vivre ensemble dans une atmosphère de respect mutuel. Il ne faut pas oublier qu’une large partie de la population espagnole au Maroc était composée de petites gens qui vivaient mélangés avec les Marocains dans les quartiers populaires. Malheureusement, les préjugés ancestraux sur l’Autre l’emportent très souvent sur les expériences de bonne entente au quotidien.

Dans quelle mesure, l’Histoire a-t-elle pu être instrumentalisée par l’Espagne et par le Maroc ?
Des deux côtés, l’Histoire a bien sûr été instrumentalisée par certains groupes minoritaires. Au Maroc, dans l’esprit de ce qu’il est convenu d’appeler « la question postcoloniale », certaines personnes, qui se réclament d’une « histoire commune » entre l’Espagne et le Maroc, ont développé une vision plutôt partielle ou à « sens unique ». Côté espagnol, il reste encore bien entendu des personnes, souvent des militaires ou des militants de la droite nationaliste ou néo-franquiste, qui perpétuent un discours nostalgique du temps du protectorat espagnol sur le Maroc.
Mais, depuis les années 1980, l’historiographie espagnole dans le domaine des relations hispano-marocaines a connu des changements importants. Libérés du carcan de l’histoire officielle franquiste, de ses mythes et de ses interprétations tendancieuses, des historiens ont pu enfin jeter un regard critique sur le colonialisme espagnol au Maroc, en adoptant une nouvelle approche dans un esprit d’analyse scientifique et rationnel. De nombreux chercheurs et historiens espagnols ont consacré à cette question des études sérieuses, basées sur des sources fiables et dignes de foi, alors que le nombre d’historiens marocains qui travaillent sur le Nord est très réduit, bien que leurs recherches nous semblent tout à fait méritoires. Il faudrait que les départements d’histoire et d’études hispaniques des universités marocaines encouragent davantage chez les jeunes étudiants la préparation de thèses de doctorat sur l’ancien protectorat espagnol.

Pensez-vous que le concept de  «Méditerranée occidentale» est crédible dans le cas maroco-espagnol alors que la frontière entre les deux pays présente toutes les caractéristiques d’une inégalité Nord-Sud?
Je pense que le concept est parfaitement crédible. Les éléments historiques et culturels qui unissent les deux rives de la Méditerranée sont nombreux. L’obstacle majeur à mon avis réside dans la différence entre leurs niveaux de développement économique et social, ainsi qu’entre leurs degrés de démocratisation et de modernisation de l’appareil administratif. Le décalage entre les deux pays dans ces domaines est toujours considérable et représente, à mon avis, un handicap. Le Maroc a entamé depuis des années un processus de démocratisation et de modernisation qui s’est accompagné d’un développement remarquable dans les domaines économique et social. Quoique sur la bonne voie, il lui reste encore du chemin à faire. L’Espagne a vécu, à la fin des années 1970 et au début des années 1980, un processus similaire, après la longue nuit qu’ont représenté les quarante années de dictature franquiste. Je pense que l’expérience espagnole pourrait être un bon exemple à suivre en l’adaptant bien sûr aux conditions propres au Maroc. Les projets actuels de régionalisation du pouvoir central, dont l’octroi d’une autonomie plus ou moins large à certaines régions, prévus par le Maroc, pourraient contribuer à apporter des solutions aux problèmes qui entravent la marche du pays vers un développement plus poussé de la démocratie.

Comment voyez-vous l’avenir de Sebta et Melilia ?
Je pense que Sebta et Melilia ne devraient pas constituer de motif de conflit entre le Maroc et l’Espagne. Je sais combien les Marocains sont sensibles à cette question et comment elle peut être utilisée pour faire de la surenchère. Côté espagnol, inutile de vous dire que c’est un sujet plutôt tabou dont il vaut mieux ne pas parler afin de ne pas enflammer les esprits. Je viens d’une famille de tradition libérale et, à mon avis, nulle question ne devrait être considérée comme taboue, pourvu qu’elle soit abordée dans un esprit de dialogue et de compréhension des positions de celui qui est en face. En ce qui concerne ces deux villes, ce qui compte pour moi ce sont les êtres humains, les personnes plus que la géographie. C’est donc aux habitants, tant d’origine espagnole que d’origine marocaine, de décider de leur avenir. Je pense qu’il faudra être un peu plus souple en ce qui concerne certains principes surannés, considérés comme éternels et inamovibles et auxquels beaucoup restent toujours attachés. Songeons à de nouvelles formules de coopération, à des projets de co-développement, à des espaces partagés. Et tout ceci dans le cadre de l’Union Européenne, dont le Maroc est un membre associé privilégié. Quoi qu’il en soit, il faudrait éviter que ces deux villes servent à dévier l’attention d’autres problèmes et d’exutoire pour des frustrations personnelles ou collectives qui se manifestent souvent dans un discours démagogique et populiste.

Aziz Hasbi ancien ministre et ancien représentant du Maroc à l’ONU, Il est également professeur de relations internationales
« L’Espagne n’a toujours pas assumé son statut de puissance  »

Où se situe le problème avec les Espagnols ?
Dans nos relations avec l’Espagne, le poids de l’Histoire est bien sûr très important, le présent en pâtit. L’image de l’Espagne est souvent liée à celle d’un protectorat « chaotique » et d’une décolonisation « ratée ». Sans remonter jusqu’à la présence arabe en Andalousie, il est indéniable que le Maroc et les Marocains symbolisent, pour les Espagnols leur défaite cuisante lors de la guerre du Rif, la période de la guerre civile espagnole, la Marche verte, etc. Tout ceci a marqué de manière indélébile la mémoire collective de nos voisins du Nord. D’ailleurs, le dernier livre de Maria Rosa De Madriaga a très bien expliqué les causes historiques de cette situation et leurs effets psychologiques sur le regard espagnol sur le Maroc. Les mutations qu’a connues l’Espagne ne semblent pas contribuer à effacer ces souvenirs. L’Espagne est certes devenue une puissance, elle ne reçoit plus les investissements étrangers et n’exporte plus ses émigrés mais en reçoit, notamment du Maroc. Mais, à l’ombre de cette évolution, le Maroc est toujours présent, comme le rappel d’un passé moins glorieux. Il ne faut pas sous-estimer les rivalités économiques du temps présent entre les deux pays. Les problèmes de pêche, d’émigration, de tomates reviennent souvent. L’Espagne, devenue puissance régionale, n’a pas aligné son comportement sur son nouveau statut ; elle reste le pays marginal qui a été obligé pendant la période de protectorat de recourir à la France pour l’aider à se sortir des difficultés que lui causaient la résistance marocaine, aussi bien dans le Rif qu’au Sahara. Ses réponses toujours disproportionnées face aux crises qui naissent de temps à autre avec le Maroc l’attestent largement.

L’Espagne est avant tout une démocratie. Ne pensez-vous pas que le Maroc paie surtout le prix de son image de régime autoritaire ?
Je ne souscris pas à votre approche. Il est vrai que l’Espagne a pu accéder à l’Union européenne grâce à la démocratisation de son système politique. Mais ceci ne lui donne pas le droit de continuer à occuper une partie du territoire marocain, ni à saisir le moindre prétexte pour mener une croisade contre le Maroc. On peut être une démocratie à l’intérieur et se comporter de manière antidémocratique sur la scène internationale. On dit souvent que les démocraties ne se font pas la guerre entre elles. Avec les autres, en particulier les pays moins puissants, la démarche est tout autre. S’il est vrai que les pays de la rive sud de la Méditerranée, pour des raisons historiques et autres, accusent un retard dans la construction du processus démocratique, la question de la démocratie demeure une affaire qui doit être réglée par les pays eux-mêmes. La proximité des pays du Maghreb avec l’Europe des révolutions industrielles ne leur a pas profité, contrairement au Japon qui, malgré les milliers de kilomètres qui le séparent de ce monde, a su s’arrimer au cortège des puissances industrialisées dès la période Meiji. Le Maroc, ou le Maghreb en général, qui se trouve à quelques kilomètres, n’a pas pu suivre la vague des grandes réformes qu’a connues l’Europe. Les rivalités européennes au Maroc ont, en grande partie, contrarié la démarche réformatrice qui, elle-même, a été hypothéquée par des freins culturels. Mais je ne pense pas que cela soit vraiment la cause des problèmes avec l’Espagne.

Mais cela n’est pas valable pour tous les pays européens…
Avec la France, par exemple, nous avons pu accéder à un niveau de relations économiques et culturelles consolidées, qui permettent d’influencer le politique. A chaque fois qu’il y a un dérapage, plusieurs forces interviennent pour remettre les choses à leur place. Mais le modèle maroco-français n’est pas applicable au modèle hispano-marocain, du moins présentement. Avec la France, nous n’avons pas de conflits territoriaux. L’Espagne est présente sur le territoire marocain. Les Espagnols restent méfiants, et gardent à l’esprit certains faits comme la Marche verte. L’Espagne n’arrive pas à s’imposer comme une puissance. Elle a bien sûr évolué, mais pas dans un sens pragmatique. Cette manière dont elle gère la relation avec le Maroc démontre qu’elle n’a toujours pas assumé son statut de puissance. Elle réagit d’une manière précipitée et souvent disproportionnée et cherche à vexer au lieu de ménager le voisin marocain. Cela est peut-être dû à un sentiment de peur et de rejet ancré dans l’inconscient espagnol vis-à-vis du Maroc.

Sur le long terme, la relation avec les Espagnols, qui mettent le Maroc face à ses contradictions, semble plus bénéfique que la relation avec une France qui semble plutôt profiter de la situation. Etes-vous d’accord avec cette hypothèse ?
Nous aussi avons toujours adopté une relation réactive vis-à-vis des Espagnols. Je ne veux pas entrer dans le débat de ce qui est mieux pour le Maroc, tout ce que je dis c’est que le Maroc a besoin des deux pays et même de toute autre relation coopérative. Dans ce domaine, c’est le critère de la recherche de l’intérêt national bien compris qui prime. Mais on doit relever que c’est avec la France que nous avons pu établir, jusqu’à maintenant, des rapports très forts qui influencent de fait le politique lorsque celui-ci vient à connaître des tensions. Il faut corriger le sens pris par les relations entre le Maroc et l’Espagne. Nous avons, d’une part, le Maroc qui intervient à travers son gouvernement et, d’autre part, l’Espagne qui intervient par le biais de sa société civile. Il me semble qu’un renforcement de la capacité d’action et de réaction de la société civile marocaine pour contrebalancer la démarche espagnole est souhaitable. Car le gouvernement espagnol joue sur du velours lorsqu’on lui reproche des faits imputables à des organisations qui, dans les réponses officielles, fonctionnent sous la bannière de la démocratie. Ce réajustement permettrait au gouvernement marocain de ne pas se mettre systématiquement en avant et de réagir de manière pragmatique, tout en maintenant au niveau des instances internationales les revendications portant sur le parachèvement de l’intégrité territoriale.

L’Algérie vient de créer un gazoduc reliant directement l’Espagne sans passer par le Maroc. Comment évaluez-vous les relations bilatérales entre nos deux voisins ?
Le Maroc est un pays qui arrive à susciter un intérêt certain, cela explique notamment le statut avancé qui le lie désormais à l’Union européenne. L’Algérie a bien sûr sa place dans la région. Elle intéresse de plus en plus les Etats-Unis et l’Union européenne. Mais son comportement semble lui poser un problème. L’Algérie est un pays du tiers monde qui s’arme massivement et qui crée une tension permanente au Maghreb, dont les rêves unionistes sont de ce fait hypothéqués. L’Algérie n’est pas le Brésil. Elle est loin d’être une puissance régionale, malgré ses achats d’armes et son pétrole. Le Maroc jouit d’une situation plus attractive qui lui donne une place honorable et sans prétention sur l’échiquier international, bien qu’il ne dispose pas des moyens du voisin algérien… Dans les relations avec l’Espagne, et comparativement, le Maroc est souvent cité comme une priorité par les gouvernements espagnols. Mais ce jugement ne constitue pas un blanc-seing qui exonère le Maroc de ses difficultés de voisinage. Nous devons faire avec tous ces paradoxes.

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