À quoi tient la marocanité lorsqu’on est né ou que l’on vive de l’autre côté de la Méditerranéenne ? Cette identité, devenue plurielle, hybride, est-elle réellement acceptée et comprise ?
«Le Maroc est-il une autre équipe européenne?», « Quand aurons-nous de véritables champions nationaux ? ». À la veille de la Coupe du Monde 2018 en Russie, nombreux sont ceux qui doutaient encore de la «marocanité» de l’équipe nationale des Lions de l’Atlas. Et pour cause, sur les vingt-trois joueurs sélectionnés, vingt d’entre eux sont des binationaux. Vingt joueurs qui ont pourtant choisi, en toute conscience, de porter haut et fort les couleurs marocaines ; preuve d’un sentiment d’appartenance à la nation, preuve même d’allégeance. Vingt joueurs qui ont également réussi à qualifier le Maroc pour participer à la Coupe du Monde, ce qui n’était pas arrivé depuis vingt ans.
Eh bien, cela n’a pas suffit. Certains ont été soupçonnés d’avoir choisi le Maroc faute de mieux, par carriérisme, méprisant ainsi le niveau des joueurs et par ricochet le niveau footballistique marocain. Tous ont en tout cas été jugés « pas tout à fait marocains » ; « le cul entre deux chaises », plus vulgairement. D’ailleurs, lors des entraînements et des matchs, personne ne se parle en darija : Hervé Renard et les joueurs échangent en anglais et en français. C’est dire !
Mythologie nationale et « qualités marocaines »
Et puis, soudainement, coup de théâtre. En brillant par leur détermination et leurs qualités humaines, en réussissant à minimiser les dégâts contre le Portugal, puis en tenant en respect l’Espagne, Les Lions hybrides ont enfin été considérés comme d’authentiques Lions de l’Atlas. Pourquoi ? Parce qu’ils ont réussi à marquer positivement l’histoire du foot marocain et à créer une véritable mythologie nationale.
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