La marocanité n’est pas une prison. C’est un espace libre et qui doit le rester.
Nous sommes en France, dans une petite école de banlieue. Les jeunes écoliers sont appelés à préparer, chacun, un exposé. L’un des enfants, issu de l’immigration, hérite d’un thème particulièrement ardu : faire un exposé sur le pays de ses parents, le Maroc. Le gamin est bloqué. Comment faut-il s’y prendre ? Voyons, c’est quoi le Maroc, comment le résumer, le dire, l’expliquer, l’exposer ? Par quoi commencer ? Comment transmettre à ses jeunes camarades une idée de la « marocanité » ?
Après plusieurs jours de doutes et d’hésitations, le jeune écolier arrive, le jour J, avec son exposé : ça sera…un plateau de gâteaux marocains préparés par sa mère, qu’il offre à sa classe en expliquant la recette…
Cette histoire n’est pas réelle mais elle aurait pu l’être. C’est le déroulé d’un court métrage très remarqué, «L’exposé », réalisé en 1993 par un cinéaste issu de l’immigration marocaine en France : Ismaël Ferroukhi.
Sa morale, c’est que la « marocanité », on en a tous une idée, ce qu’on peut appeler « une définition », un sentiment, quelque chose que l’on peut partager. Même si la définition est diffuse, personnelle, non scientifique. Le petit film de Ferroukhi nous rappelle, surtout, que les plus belles définitions sont aussi celles qui laissent toute sa place à l’émotion. Parce que la marocanité, c’est cela à la base : ça vient du cœur, c’est une émotion.
Karim Boukhari
Lire la suite de l’article dans Zamane N°93-94