Les Lions de l’Atlas ont réalisé un formidable parcours lors du Mondial 2018 qui se tient en Russie. Ils ont restauré la fierté et créé un lien très fort avec les Marocains. Tout cela est beau, très beau. Et pour cela, joueurs, entraîneur et dirigeants méritent d’être félicités. Mais ont-ils réussi ? N’ayons pas peur de répondre : non !
La sélection marocaine avait l’ambition secrète de passer le premier tour, ce qui passe par l’élimination de l’une des deux puissances footballistiques que sont l’Espagne et le Portugal. à défaut, l’objectif minimal était de battre l’Iran et de finir troisième. Il n’y a rien eu de tout cela. Le Maroc a fini « à sa place » (d’après le classement FIFA, qui l’avait placé d’office dans le quatrième chapeau), c’est-à-dire la quatrième. L’exploit n’a pas eu lieu.
Dans le contenu, les Marocains ont réussi. Mais dans l’absolu, la réalité nue des résultats et des chiffres nous dit qu’ils ont échoué. De peu, de très peu. Le plus dur est d’analyser les raisons d’un échec. Nos sociétés n’ont pas cette tradition. Dans le football, nous avons toujours eu le réflexe d’imputer nos échecs au «grand mal». Ce grand mal est un fourre-tout dans lequel on glisse les erreurs d’arbitrage, que l’on a tendance à considérer comme volontaires (la culture du complot). On y glisse aussi les faits de jeu contraires (un but contre son camp, un mauvais contrôle), le climat, l’état de la pelouse et toute une série de facteurs exogènes.
Ces explications sont faciles et interchangeables. Elles empêchent toute remise en cause. Elles maintiennent leurs auteurs dans une sorte de piège. Ne bougez plus, n’avancez plus, que chacun reste à sa place !
Le football n’est bien sûr qu’un réduit qui concentre toute la complexité de la société et de la culture marocaines. Nos concitoyens, et même nos dirigeants, ont établi un consensus. Le «grand mal» qui a empêché les Lions de poursuivre leur aventure au Mondial s’appelle la FIFA. Mais il ressemble comme un jumeau à cet autre grand mal qui empêche l’Etat marocain de régler ses problèmes avec ses voisins, et qui maintient la nation marocaine dans un état de sous-développement, ou de « presque développement » interminable.
Le « grand mal » est donc ce caméléon qui, en glissant d’une sphère à l’autre, change d’apparence. Il est en réalité le même, qu’il s’appelle la FIFA, l’Occident, le sionisme, l’Amérique, etc. Le « complotisme » a de beaux jours devant lui. Il ne repose sur rien de scientifique, mais sur un faisceau d’arguments et de « ruminations » idéologiques vieilles comme le monde. C’est pourtant cet esprit qui empêche le football marocain, et surtout la société marocaine, d’avancer. Le « grand mal », le vrai, il est là. Et il est le produit de notre paranoïa. Qu’est-ce que la paranoïa ? C’est une néo-réalité, une sorte de monde parallèle, une bulle, c’est-à-dire un pur délire, mais dans lequel tous les enchaînements tiennent la route et possèdent une apparence « logique ».
C’est pour cela, nous disent les praticiens, que la paranoïa est la maladie la plus incurable qui soit. Celui qui en souffre est persuadé d’avoir raison… Et il a raison, mais dans un monde parallèle qui n’existe que dans son imagination. Que faire alors ? Pour ce qui est du football, féliciter les Lions de l’Atlas et consolider le sélectionneur Hervé Renard, pour leur belle tenue d’ensemble et leurs efforts. Et travailler sur les vrais points faibles du groupe: manque de vécu, de roublardise…et de poids offensif.
Voilà pour le football. Quant au reste…
Aucun Résultat
View All Result