Meredith Hindley est une célèbre historienne américaine passionnée de films classiques et de seconde guerre mondiale. Est-ce alors vraiment un hasard si elle s’intéresse particulièrement au cas de Casablanca ? Pas vraiment puisqu’elle y consacre son ouvrage majeur («Destination Casablanca, exile, espionage and the Battle for North Africa in World War II») fortement apprécié par la critique outre-Atlantique. De passage au Maroc, Zamane profite de l’occasion pour l’interroger sur les préparatifs autour du 80ème anniversaire de l’Opération Torch en novembre prochain, sur la place du Maroc dans l’histoire de son pays et sur les péripéties de la ville blanche en temps de guerre.
À quel moment croisez-vous le Maroc dans vos travaux d’historienne ?
Je suis spécialiste dans la Seconde guerre mondiale et, à ce titre, j’ai rapidement eu besoin de faire de la recherche concernant l’un des épisodes les plus importants de cette période, à savoir le débarquement allié en Afrique du Nord lors de l’Opération Torch, en novembre 1942. J’ai appris au cours de ces recherches qu’un nombre important de réfugiés du début du conflit se sont retrouvés dans la ville de Casablanca. J’ai alors eu envie de comprendre, au-delà de la grande histoire des manœuvres et stratégies militaires, ce qu’était la réalité de la vie à Casablanca pendant la Seconde guerre mondiale. Je me suis donc rendu au Maroc il y a quelques années, pour solliciter les documents que pouvaient me fournir le consulat américain de Casablanca. Bien entendu, j’ai aussi été grandement influencée par le film «Casablanca» qui est un élément important de la culture américaine. Ce film, que j’adore et que j’ai visionné de nombreuses fois, a également fait germer en moi l’envie de comprendre d’avantage le quotidien de la ville pendant la guerre. Et lorsque j’ai voulu écrire un livre, je me suis retrouvée avec suffisamment d’éléments pour raconter cette histoire, en particulier cette des réfugiés débarqués à Casablanca dès le début du conflit. C’est ainsi que j’ai eu affaire au Maroc et à son histoire, essentiellement durant la guerre.
Le Maroc et l’Afrique du Nord en général sont-ils un thème prisé dans la recherche en histoire auprès de vos collègues américains ?
C’est une région géographique qui est de plus en plus étudiée aux états-Unis. En Histoire, la tendance en ce moment est à l’étude de l’époque coloniale française et de ce fait, le cas du Maroc et de l’Afrique du Nord attire l’attention des chercheurs. Aujourd’hui, de nombreux documents sont disponibles et rendent attractif ce sujet auprès de mes collègues. Concernant le Maroc durant la seconde guerre mondiale, je dois dire qu’il n’est pas au centre de l’attention. Et c’est aussi pour cela que j’ai décidé de m’y intéresser et d’y consacrer mon livre. Cela offre de nouvelles perspectives dans l’étude générale du conflit.
Propos recueillis par Sami Lakmahri
Lire la suite de l’interview dans Zamane N°140