Pierre Vermeren, professeur d’histoire contemporaine à la Sorbonne, et spécialiste de l’Afrique du Nord, est un observateur attentif de la situation en Algérie. Pour Zamane, il interroge le passé de notre voisin et dresse les contours d’une actualité analysée par le prisme de l’Histoire. Eclairage…
En tant qu’historien spécialiste de l’Afrique du Nord et de l’Algérie, vous attendiez-vous à un pareil scénario, à savoir une baisse de la légitimité d’un régime « historique » ?
Dans le domaine de l’histoire, il est sage de rester modeste. Nous ne travaillons pas pour prédire des scénarios et lorsque nous le faisons, nous nous trompons souvent. Concernant le cas de l’Algérie, nous savions toutefois que nous sommes à la fin d’une époque. Les dirigeants algériens tirent en effet leur légitimité de la guerre d’indépendance, acquise par la lutte révolutionnaire contre la France. Abdelaziz Bouteflika est le dernier président qui incarne cette époque. Quoiqu’il arrive, le prochain chef de l’Etat ne sera pas un acteur direct de cet épisode fondateur de l’Histoire algérienne. N’oublions pas que Bouteflika a été membre du FLN pendant la guerre, proche d’Ahmed Ben Bella dont il est devenu ministre des Affaires étrangères, puis ministre de Houari Boumediene durant tout son mandat. Plus tard, lors de la décennie noire (1991-2002), il a été rappelé par les militaires au nom justement de cette légitimité historique. Abdelaziz Bouteflika est un homme qui se confond avec l’histoire de l’Algérie indépendante et qui ne peut plus être remplacé sur ce plan. C’est pour cela que l’appareil d’Etat a longtemps hésité à le remplacer car son départ signifie la perte de la dernière grande figure de la résistance.
Cette légitimité historique a-t-elle encore un poids auprès du peuple algérien ?
Non. Je pense que les Algériens ne misent plus sur la légitimité historique qu’incarne Bouteflika. Cet héritage guerrier fait peu à peu place à une aspiration pour une légitimité démocratique.
Lire la suite de l’article dans Zamane N°101 (avril 2019)
Bonjour
Je suis particulièrement votre prestigieuse revue depuis longtemps. Toutefois, je ne partage pas cette manière de procéder : À chaque fois vous demandez à vos lecteurs de chercher la suite dans l un de vos numéros. Le monde diplomatique , mon journal préféré, procède autrement. Des articles accès libre, des articles à lire, un archive…il faut diversifier les manieres d attirer l’attention. Merci