Jacqueline Loghlam ou Zakya Daoud, elle vous laisse choisir. L’auteure journaliste, connue pour avoir dirigé pendant plus de 20 ans la revue Lamalif, livre pour Zamane son parcours atypique. Sa jeunesse en France, ses péripéties dans le royaume nouvellement indépendant, les conditions de l’obtention de sa nationalité marocaine et la confrontation avec Driss Basri, sont ici livrées sans concessions.
Préférez-vous que l’on vous nomme Jacqueline ou Zakya ?
Franchement, ça m’est égal. Je n’ai pas de préférence et je laisse les gens choisir. Après tant d’années, je suis habituée et je réponds de la même façon aux deux prénoms.
Votre dernier ouvrage sur Abdellah Ibrahim est sorti récemment et se porte plutôt bien. Pourquoi avoir choisi ce personnage ?
J’ai écrit sur d’autres personnages de l’histoire du Maroc mais je dois avouer ne pas avoir coché le nom d’Ibrahim en haut de ma liste, d’autant plus que j’ai personnellement connu l’ancien chef du gouvernement. Je n’ai pas pour habitude de faire ça. Ecrire par exemple sur le personnage d’Hannibal me plaît généralement d’avantage car il me permet de plonger dans un univers que je ne connais pas. J’ai finalement porté mon choix sur Abdellah Ibrahim après avoir discuté avec son fils. J’ai été convaincu que c’était le bon moment pour le faire. En outre, travailler sur ce personnage me permet de répondre à un certain nombre d’interrogations. On dit de lui qu’il était analphabète ou pauvre. Ces rumeurs s’avèrent en réalité infondées. Abdellah Ibrahim était un alem reconnu en plus d’avoir parfait ses études en France. Par ailleurs, il n’était pas un « meskine » non plus. Il n’avait certes pas le charme de Abderrahim Bouabid ou l’entregent de Allal El Fassi, mais il est issu non pas d’un milieu bourgeois, mais des traditions religieuses des zaouias de Marrakech.
Propos recueillis par Sami Lakmahri
Lire la suite de l’article dans Zamane N°101 (avril 2019)