Pour la première fois de sa jeune histoire, le PJD est sur la pente descendante. Entre tensions internes et éviction du chef historique, le parti de la lampe aborde son prochain congrès dans le doute. Est-ce la fin d’une dynamique enchantée ?
Pourtant à la tête du gouvernement depuis novembre 2011, le PJD n’a jamais semblé aussi fragile. Réputé pour sa discipline et son unité à toute épreuve, le parti islamiste ne peut désormais plus cacher les rivalités qui le tiraillent. Le prochain congrès national, qui se tient les 9 et 10 décembre 2017, promet d’être un tournant dans l’histoire du parti. D’abord parce que Abdelilah Benkirane, figure charismatique de la formation, a été écarté de la course à sa propre succession au secrétariat général. Alors que ses partisans pensaient que sa reconduction pour un troisième mandat ne serait qu’une formalité, le vote du Conseil national, qui s’est tenu le 26 novembre dernier, en a décidé autrement.
La direction du parti a rejeté l’amendement des statuts qui aurait permis à l’ancien Chef du gouvernement de conforter sa mainmise sur la formation. En somme, son avenir politique et ses ambitions de revenir à la tête du gouvernement en 2021 dépendaient de cet amendement. Un échec pour lui, et une victoire pour ses rivaux, regroupés dans le clan dit des « ministres ». Pour El Othmani, Ramid, Rabbah, Yatim, Najib Boulif, ou encore Nezha El Ouafi, la mise à l’écart de Benkirane, l’homme qui leur fait de l’ombre, est un soulagement. Pour ces derniers, il reste néanmoins une question cruciale à trancher : l’actuel Chef du gouvernement est-il le mieux placé pour prendre la tête d’une formation au bord de l’implosion ? El Othmani souffre, en effet, d’un manque de légitimité interne peu enviable. Depuis le limogeage de Benkirane par le roi en mars dernier suite au blocage gouvernemental, son remplaçant n’a semble-t-il pas conquis le cœur de tous les militants et sympathisants du PJD. La jeunesse, surtout, manifeste régulièrement son désaccord avec sa gestion gouvernementale de la crise du Hirak rifain, ou encore sa passivité politique et son sens un peu trop large du consensus. C’est donc l’identité et l’orientation idéologique du PJD qui devraient être remises en question lors du prochain congrès. À son issue, les Marocains sauront si le parti qui a bouleversé l’échiquier politique rentre définitivement (officiellement ?) dans le rang. Auquel cas, c’est le crépuscule des islamistes.