Pour mieux comprendre les tenants et aboutissants du protectorat, sa signification profonde et sa portée, envisageons-le sous un angle large et transversal, englobant la Tunisie. En plus de la réalité complexe du «tampon» algérien et des mentalités dominantes à la fin du XIXème siècle.
Les Protectorats ne furent pas des havres de paix. S’il y eut de bonnes personnes, il y en eut d’autres, peu respectueuses de quoi et de qui que ce soit. Il y avait trois politiques possibles: celle de l’assimilation, celle de l’assujettissement et celle de l’association. Des choix furent faits. De tout temps, l’Homme a commis des erreurs, et ce n’est pas terminé…
Au XIXème siècle, les Européens mettent la main sur l’Afrique et une partie de l’Asie. Ce qui relie d’emblée le colonialisme classique au colonialisme moderne, c’est la violence au sens de contrainte sans ménagement. La violence de la conquête, de la domination et de l’exploitation de l’autre. Une attitude d’un autre âge. Un dernier critère s’impose. Celui d’un sentiment de supériorité. Cela engendre des chocs en retour. La géopolitique en fourmille d’exemples. Que ce soit à l’initiative des Asiatiques, des Musulmans, des Européens chrétiens, ou d’autre, et parfois entre eux. Pourtant, avec le concept nouveau pour le XIXème siècle, de Protectorat appliqué, en un premier temps à la Tunisie, puis dans un second temps au Maroc, ces deux pays semblent être dispensés des rudesses du colonialisme. En apparence uniquement, car les Protectorats ne seront que des colonies déguisées, camouflées en une coopération politique, économique et sociale. Peut-être à l’exception du Protectorat lyautéen au Maroc, les Résidents généraux, pour la plupart, se comporteront en véritables satrapes. Un Hautecloque, un Juin ou un Guillaume pour la plupart des militaires ne connaissent que la loi martiale.
Par Farid Bahri
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