Vingt ans après sa sortie du bagne secret de Tazmamart, un ex-lieutenant des Forces armées royales replonge dans les souvenirs de sa formation militaire, juste avant que sa vie ne bascule lors du putsch raté de Skhirat. Premier épisode d’un témoignage inédit.
Quand je remonte le fil du temps pour comprendre comment s’est forgé mon destin, je me dis que tout a commencé à 21 ans, un jour de mars 1967. En rentrant chez moi, dans la maison familiale de la médina de Casablanca, j’y trouvai une convocation pour le service militaire obligatoire, laissée par le moqqadem du quartier. Je redoublais alors ma terminale au lycée français Lyautey, ayant raté le bac en 1966. Comme je voulais éviter d’endurer les 18 mois de service, je décidai de mettre en œuvre une idée qui germait en moi depuis déjà quelques temps : opter pour une carrière militaire. Ainsi je ferais d’une pierre deux coups, accomplir mon service et assurer mon avenir (je décrocherais d’ailleurs mon bac 1967 en candidat libre à Meknès). A l’insu de mes parents, des commerçants assez aisés qui avaient probablement d’autres plans pour moi, je me présentai au concours pour devenir officier. Aussitôt dit, aussitôt fait. Le concours réussi, le contrat d’engagement signé dans la foulée, mes parents étaient devant le fait accompli. Voilà comment je devins, à 22 ans, un élève-officier de Sa Majesté, plein d’enthousiasme et de fierté. Pourtant, à peine intégré à l’académie militaire Dar Al Beida de Meknès, je fus submergé par le regret d’avoir quitté le lycée pour m’engager dans une vie tout autre que celle que j’avais connue. Bien que la plupart des enseignants de cette école militaire fussent des Français, ce qui allégeait un peu mon dépaysement, j’éprouvais constamment de la nostalgie. J’avais quitté ma famille, puisque je devais suivre un régime d’internat et me contenter de quelques permissions par an. Les hivers de Meknès (et de El Hajeb où nous faisions des manœuvres) était glacials, et pendant des mois je souffris d’abcès causés par les lourds brodequins. Je faillis être hospitalisé lors des accès de fièvres dues à ces infections…
Par Abderrahim Sedki
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