C’est un fait : «Napoléon» a envahi Merzouga au Maroc. Bien sûr. Nous parlons du «Napoléon» du réalisateur britannique Ridley Scott, blockbuster au box-office. De la fiction aux faits maintenant. Il y a plus de deux siècles, Napoléon Bonaparte envisageait de s’emparer de l’Empire chérifien. Mais Moulay Slimane a été une fine mouche. Retour sur une affaire d’état qui n’a pas fini de livrer ses secrets.
D’abord le contexte. Difficile de dissocier la politique napoléonienne en Barbarie (pour dire le Maghreb au XIXème siècle) de la confrontation Paris-Londres. Difficile également de séparer la politique napoléonienne en mer Méditerranée de l’Empire français fraîchement constitué en Europe. En octobre 1805, la défaite de Trafalgar modifie la donne des rapports Nord-Sud. Rappelons simplement que celle-ci se déroule non loin de Tarifa, à proximité du Maroc. L’historienne marocaine Bahija Simou ne nous confie-t-elle pas que cette bataille influe sur les relations entre le Maroc et l’Europe pour le siècle qui suit. Bien. Les Anglais ayant pour longtemps la maîtrise entière des océans et des mers, le Maroc, par l’étendue de son littoral méditerranéen et océanique, intéresse au plus haut point Londres, d’autant que Gibraltar, britannique depuis 1704, entretient un lien étroit avec Tanger. La garnison n’y survit que grâce aux denrées alimentaires importées depuis le Maroc.
Toujours est-il que Napoléon s’agace de la proximité entre le Maroc et l’Angleterre. Jamais la locution «l’ami de mon ennemi est toujours mon ennemi» n’a autant de portée sémantique qu’ici. «Que Gibraltar ne reçoive de vous aucun secours ; éloignez les Anglais de vos côtes : bientôt ils auraient anéanti tout le commerce de vos sujets, car eux seuls veulent faire le commerce ou en recueillir tous les profits. Si vous favorisez leurs vues contre Nous, Nous serions forcés de vous confondre avec nos ennemis», écrira Bonaparte à Moulay Slimane dans un courrier du 16 mai 1808.
Par Farid Bahri
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