Le sultan Moulay Slimane (1792-1822) était tout près de libérer la ville de Sebta en 1810, puis Melilia en 1821, alors que ses prédécesseurs, y compris le mythique Moulay Ismail, étaient restés très loin de l’objectif…
Etrangement, la diplomatie marocaine a prouvé être plus efficace que la force militaire dans la lutte pour le recouvrement des places occupées par l’Espagne. De surcroit c’était la diplomatie d’un sultan que les historiens accusent d’avoir fermé les portes du dialogue avec l’Europe, en choisissant une politique isolationniste. Le sultan Moulay Ismail s’était fixé dès le début de son règne un double objectif : unifier un pays morcelé et libérer les villes côtières occupées par les chrétiens. En s’appuyant sur ses contingents rifains, il réussit à libérer dans moins dix ans (1681-1689) les places de Mamora (Mehdia), Tanger, Larache et Asilah. Mais la bataille pour la ville de Sebta s’avéra ardue et nécessita un long siège de 33 ans (1694-1727) qui, en fin de compte, fut un échec. Dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle, le sultan Mohammed Ben Abdallah écarta d’emblée l’idée de reconquérir Sebta en déclarant que, vu ses fortifications formidables et sa proximité de l’Espagne, seul un insensé pourrait en contempler l’attaque. Par contre, la reconquête de Melilia lui semblait comme un objectif beaucoup plus réaliste. Ce sultan avait essayé de concilier jihad et coexistence avec les chrétiens. Tout en normalisant ses rapports avec les puissances chrétiennes, Sidi Mohammed aimait afficher en même temps le titre de «moujahid fi sabil rabbi al-‘alamine» (combattant pour la cause de Dieu). Ainsi il avait réussi à libérer la ville d’El Jadida en 1769, occupée par les Portugais depuis 1514. Le 9 décembre 1774, il envisagea d’assiéger Melilia dans des circonstances qui restent énigmatiques. Il semble que Sidi Mohammed aurait obtenu des promesses de la part des Turcs d’Alger pour une attaque coordonnée contre Melilia du côté marocain, et contre Oran du côté algérien, de sorte à obliger les Espagnols à combattre sur deux fronts.
Par Mohamed El Mansour
Lire la suite de l’article dans Zamane N°169