Historienne, archéologue, universitaire et épouse du général Hosni Benslimane, Joudia Hassar-Benslimane va donner à l’archéologie marocaine ses lettres de noblesse nationales en la sortant à la fois de l’ombre et de l’aspect colonialiste dans lesquels cette discipline était plongée depuis le Protectorat. Petite mise au jour.
L’archéologie est une spécialité introduite au Maroc par les explorateurs et scientifiques européens. Elle commence d’abord à s’intéresser aux ruines latines, notamment Volubilis (Walili) située dans la zone française du Protectorat. Ce n’est que par la suite que des archéologues comme Henri Terrasse (1895-1971) et Henri Basset
(1892-1926) vont investir les vestiges islamiques. Dans un cas comme dans l’autre, cette archéologie coloniale est guidée par un a priori. Dans le premier cas, montrer la supériorité de la romanité sur l’islam. Dans le second cas, prouver que l’art et l’architecture marocaine ne sont que le sous-produit d’un développement d’abord andalou. Après l’indépendance, et malgré la création d’une revue, «Le Bulletin d’archéologie marocaine» en 1956, très vite, et pour des raisons à la fois politiques et culturelles, l’archéologie est loin d’être la priorité de l’état marocain. Des Français continuent, quant à eux, de fouiller le sol marocain.
Il faut attendre les années 1970, et des universitaires tels que Aomar Akerraz, Abdelaziz Touri ou, last but not least, Joudia Hassar-Benslimane pour voir l’archéologie prendre la place qui lui convient sur l’arène culturelle et scientifique du Royaume. Hassar-Benslimane semble à plusieurs égards être en tête de peloton de cette émancipation de l’archéologie marocaine. Le détail maintenant.
Par Farid Bahri
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