Si l’Espagne revendique toujours sa souveraineté sur Gibraltar, elle n’a jamais consenti à reconnaître Sebta et Melilia comme des présides occupés. Retour sur l’histoire de colonies vieilles de cinq siècles.
Entre l’Espagne et la Grande Bretagne, ce contentieux est vieux de plusieurs siècles. Il est tellement ancien que très peu de personnes, autant en Espagne qu’en Grande Bretagne, peuvent expliquer dans le détail les tenants et les aboutissants de ce conflit. Il s’agit de Gibraltar, une poussière d’empire qui trône sur un rocher au fin fond de l’Andalousie. Ce que l’on peut dire, sommairement, c’est que ce caillou a été cédé au Royaume-Uni par la Couronne d’Espagne en 1713 et que, depuis, selon les humeurs des gouvernants espagnols, ou leurs intérêts du moment, la revendication de ce territoire se fait de manière plus ou moins musclée. En 1969, pour obliger la Grande Bretagne à restituer le rocher, Franco a fait fermer la « Verja » (grille), nom donné au lieu de passage frontalier qui sépare Gibraltar de l’Espagne. Après la mort du dictateur, ses successeurs ont maintenu cette interdiction. Et c’est seulement à partir de 1982, date de l’arrivée au gouvernement du socialiste Felipe Gonzalez, que les choses ont commencé à se normaliser.
Aujourd’hui, le conflit entre Madrid et Londres est toujours latent et éclate de temps à autre, comme tout récemment. En juillet dernier des bateaux gibraltariens ont déposé des blocs de béton au fond de l’eau afin de créer un récif à l’embouchure de la Méditerranée. Une action qui a été immédiatement condamnée par les pêcheurs de la région et le gouvernement espagnol qui y a vu une manière d’étendre l’espace maritime exigu de cette enclave.
Depuis, c’est la guéguerre. Des chalutiers espagnols, protégés par des vedettes de la Guardia Civile, la gendarmerie espagnole, tentent de pénétrer dans ces eaux considérées comme britanniques. Ils en sont refoulés par la police gibraltarienne et la marine anglaise. On s’éperonne, on s’insulte et on se menace. Depuis juillet, les « Llanitos », nom donné aux Gibraltariens, sont soumis à de sévères et incessants contrôles policiers. Menant la charge, la police espagnole les retient plusieurs heures devant la « Verja » et enquête sur leurs biens et comptes bancaires en Espagne, etc. Des voitures portant des plaques minéralogiques gibraltariennes ont brûlé en Espagne. Ce qui a amené Fabian Picardo, le ministre principal du rocher, à dénoncer devant l’Assemblée générale des Nations Unies, des « tirs » dont auraient été victimes des « Gibraltariens innocents ». Tout en niant ces extrêmes, Madrid explique ces « contrôles » par la nécessité de lutter contre la contrebande et le blanchiment d’argent. Mais l’intention politique y est manifeste. Surtout après la tentative espagnole, jugée illégale par Bruxelles, d’imposer une taxe de 50 euros aux touristes se rendant sur le rocher.
Par Adnan Sebti
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Pourquoi ne ferait-on pas de même ? La question est rhétorique, je n’en attend aucune réponse 🙂