En octobre 1492, c’est la découverte de l’Amérique par les Ibères. Tout le mérite revient à la lucidité très rationnelle du navigateur Christophe Colomb et à la mansuétude des Rois Catholiques qui comprirent l’importance du projet du Génois et le sponsorisèrent. Cependant, le récit classique évacue très vite le mérite de certains marins, de leur persévérance, de leur ingéniosité sans quoi l’odyssée aurait été peine perdue. C’est là qu’interviennent les Pinzon. Cap sur une fratrie pas comme les autres.
L’habit ne fait pas le moine. Toujours dans le même registre, le patronyme non plus ne fait pas l’individu. Martin Alonzo, Vicente Yanez et Francisco Martin, contrairement à leurs noms latins, sont d’origine…amazighe. Précisément de la tribu des Zénètes. C’est, selon Ibn Khaldoun, l’une des quatre grandes tribus berbères du Maghreb avec les Ghomara, les Sanhaja et les Masmouda. Les Zénètes formeront le fer de lance des armées Mérinides qui, dans le premier XIVème siècle, prennent d’assaut Al-Andalus. Les frères Pinzon descendent en toute vraisemblance des éléments de cette soldatesque restée dans la Péninsule. Mais l’historiographie occidentale, pour des raisons idéologiques évidentes, dissimule clairement l’ascendance africaine des deux pilotes-navigateurs sans qui l’aventure américaine de Colomb n’aurait été qu’un trip en mer. Le magazine «Le Point», dans son édition du 3 août 2012, résume ainsi, dans un article signé par Frédéric Lewino et Gwendoline :
«3 août 1492 : sans les Pinzón d’origine berbère, Christophe Colomb n’aurait jamais découvert l’Amérique». Dans les faits, peu de documents viennent étayer l’ascendance marocaine des frères Pinzon. Au demeurant les Berbères se sont toujours confrontés à la mer, et cela depuis des siècles. À n’en pas douter, les îles Canaries ont dès l’Antiquité été peuplés par des Berbères marocains. C’est que les Amazighes n’ont de tout temps jamais craint les flots de l’océan.
Par Farid Bahri
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