Si Taza n’avait pas son roman, c’est désormais chose faite. Et elle est servie, qui plus est, par un de ses fils, qui revient sur l’histoire de la ville en évoquant moult souvenirs personnels…
«Pour connaître toute la mélancolie d’une ville, il faut y avoir été enfant». Noureddine Bousfiha aurait pu mettre cette phrase de Walter Benjamin en exergue de son roman. Car il plonge dans son enfance et sa ville comme un chercheur d’or, qui chercherait, à son corps défendant, ce qui fut et ne peut plus être. Et l’enfance est là, inamovible et mouvante, inchangée, insaisissable et loyale, avec ce visage que seule l’éternité, avec ses outils, sait sculpter dans la pierre qui passe. «L’autre côté de soi» est un roman, mais il puise aux sources de ce qui a été, avec une fidélité étourdissante aux bruits mais aux silences aussi. Passé et présent se mélangent, s’éclairent… en titubant, comme des ivrognes, en pleine tempête, sous une lampe de quinquet.
De Tassa à Taza
Le narrateur parle de Taza, qu’il nomme ici, pour les besoins de son récit, Tassa. Les romanciers aiment à mettre de la distance avec le modèle qu’ils peignent, pour se tenir …au plus près de la vérité ! On ne met la main au collet du réel que de cette façon-là. Cet infâme prestidigitateur est habile, pervers, doué de rouerie, il déjoue tous les traquenards de qui croit le piéger, il emploie tout son talent à vous bercer d’illusions, à vous persuader que vous êtes les maîtres incontestés et qu’il n’est là, ce sacripant, que pour se soumettre à vos désirs.
Par Kebir Mustapha Ammi
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