Quels enseignements tirez-vous du premier anniversaire du Mouvement du 20 février ? Quelles sont les perspectives ?
Le Mouvement du 20 février est parvenu à changer la face du Maroc. Il a fait échouer la stratégie que le Makhzen a choisie depuis une décennie, à savoir la réinstauration de la dictature par un parti fort de l’Etat. Beaucoup de verrous ont sauté et des tabous sont levés. Le mouvement a fêté son premier anniversaire et est toujours là alors que, pendant toute l’année, rappelons-le, plusieurs journaux n’ont eu de cesse d’annoncer sa mort. Les jeunes du 20-Février ont résisté à toutes les attaques, et c’est une grande victoire qu’il faut mettre en exergue. La perspective, c’est aujourd’hui de maintenir la résistance. Le mouvement a donné naissance à une dynamique sociale jamais vécue. Le Maroc est devenu une grande place de protestation car les gens n’acceptent plus l’humiliation. Le mouvement est tout de même appelé à renouveler ses méthodes et à resserrer ses rangs.
Plusieurs militants ont été récemment arrêtés pour cause d’atteinte à la «sacralité» du roi. Qu’en pensez-vous?
C’est la preuve que tous les discours officiels et partisans qui ont accompagné les modifications de la Constitution annonçant la démocratie et l’Etat de droit sont loin de la réalité. Bien que la Constitution ne contienne plus le mot «sacré», la sacralité n’a pas été abolie. Des plaintes sont déposées par les victimes mais sans résultat. C’est la politique des deux poids deux mesures et c’est l’impunité qui continue à régner.
Etes-vous pour l’instant satisfaite de l’action du gouvernement PJD ? Notamment en ce qui concerne les libertés individuelles et les droits de l’homme ?
Il est vrai que le gouvernement ne fait que commencer son travail. Mais il y a déjà un certain nombre de points sur lesquels on peut émettre des jugements : la place des femmes dans le gouvernement est incontestablement une honte pour le pays, mais aussi un indicateur de l’échec des politiques antérieures dans ce domaine. L’AMDH avait diffusé un document présentant 30 observations et relevant les critiques les plus importantes à ce niveau. En particulier l’absence d’engagement clair à mettre en œuvre les recommandations de l’IER, que les gouvernements passés ont abandonnées. Le risque d’un retour sur le peu d’acquis que nous avons obtenus est plus que crédible. En vrac, je rappelle également l’approche du gouvernement face aux événements de Taza, en particulier les menaces contre la presse et le silence envers les violations graves commises par les forces de police contre les habitants ; les violations des droits humains qui continuent, l’atteinte à la liberté d’association et à la liberté de manifestation pacifique, les arrestations arbitraires, les procès inéquitables, la torture dans les prisons, l’impunité…
Par la rédaction