En 1791, un aristocrate polonais décide de se rendre au Maroc afin d’y observer le règne de Moulay Yazid. Il en profite pour décrypter les mécanismes du pouvoir chez les Alaouites avec un humour qui fera grincer bien des dents.
Je suis le premier étranger qui soit venu dans ce pays-ci avec la simple qualité de voyageur et, à ce titre au moins, mon voyage ne sera pas entièrement dénué d’intérêt.” Si Jan Potocki, un aristocrate polonais francophone, paraît bien modeste lorsqu’il s’auto-qualifie de « simple voyageur au Maroc », c’est d’abord parce qu’il tient à rompre avec ses prédécesseurs, dont les écrits sont outrageusement impartiaux envers l’Orient, et témoigner de sa relative objectivité. Très sensible à la problématique de l’altérité, il aspire à comprendre l’Autre sans le soumettre aux valeurs européennes qui lui sont étrangères. « Hélas, écrit-il dans son ouvrage Voyage dans l’empire du Maroc, les voyageurs n’ont ordinairement pour observer, que les lunettes qu’ils ont apportées de leur pays et négligent le soin d’en retailler les verres dans les pays où ils vont ». Parviendra-t-il à surmonter ces préjugés, à conserver une implacable neutralité et à éviter les stéréotypes et les dérapages ? Non, mais il demeure assurément un voyageur « ouvert et habité par la sympathie », estime Sanae Ghouati, professeure à la Faculté de Lettres de Kénitra, qui a écrit un article scientifique sur ce personnage.
Par Nina Kozlowski
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