Fanatique, fataliste… L’Europe a longtemps forgé une identité du Marocain, devenu «l’Autre», cette tête de Turc…
Depuis le XVIIIème siècle, l’image qu’on se faisait du Marocain dans les cours européennes était un mélange de crainte et de mépris. Le Marocain est musulman, donc fanatique et fataliste. C’était l’image galvaudée, doublée d’un penchant à l’imposture. On se colportait aussi les récits des captifs et des Corsaires salétins, cruels et intraitables. L’Europe se faisait et se forgeait une identité, par opposition à l’Autre, indispensable pour créer le Moi. Et, en grande partie, le Marocain était l’Autre, à côté du Turc.
Quand la France avait conquis l’Algérie, on s’est rendu compte qu’on ne connaissait pas cet Autre devenu voisin. Ce qu’on connaissait était une construction, autrement dit un préjugé. Delacroix dans ses carnets de voyage, tranche avec le préjugé construit sur le Marocain. Rome n’est pas à Rome. Le «barbare» détient encore quelque chose des temps homériques. À la fin du XIXème siècle, la France et particulièrement après sa défaite face à la Prusse (1870), a pris sur elle-même d’ouvrir ce musée vivant, qui était le Maroc. De jeunes investigateurs voulaient faire du Maroc leur «ancien régime», sur les traces de Tocqueville.
Par Hassan Aourid
Lire la suite de l’article dans Zamane N°112 (Mars 2020)