Entre Occident et Orient, notre Maghreb Extrême est bien petit. Mais lorsqu’il s’agit d’être l’interface du monde saharien, Sijilmassa, Fès et Marrakech sont incontournables. Pourquoi l’Afrique joue-t-elle un si grand rôle dans l’histoire du Maroc ?
Certes, l’islam maghrébin a essaimé et les cités de Fès, Tlemcen et Qairouan furent les pôles religieux d’un vaste ensemble africain. Cependant, la relation avec l’Afrique est avant tout une affaire d’imprégnation, sans jamais parvenir à l’assimilation. Si l’espace méditerranéen est le cœur technologique du «système monde» des échanges industriels et commerciaux de l’époque, l’Afrique, elle, produit avant tout des matières premières numéraires, cosmétiques et humaines. Et, logiquement, ce sont bien des Maghrébins qui commercent en Afrique, les Soudanais ne se rendant au Maroc que de manière anecdotique.
Cependant, il est évident que c’est du monde sahélo-saharien que sont venues l’unité maghrébine et la mutation politique et idéologique du Maghreb, à l’époque almoravide. Les confortables pays de l’occident méditerranéen, tellement dominants au plan culturel et économique, se soumettront alors à une confédération nomade, méridionale, et repousseront les chrétiens d’Espagne à la croisée des XIème et XIIème siècles. Lors du brillant Moyen-Age mérinide, c’est d’égal à égal que traiteront les Mansa de Malli avec les sultans de Fès. L’Histoire universelle retient principalement le nom de Mansa Moussa, tandis que seuls quelques érudits se souviennent encore du grand Abou Al Hassan, son contemporain. Quelques siècles plus tard, en 1592, le Maroc se rend maître du Soudan. C’est pourtant à cette même époque que s’amorce le progressif déclin des relations entre les deux mondes.
Par Simon Pierre
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