Sur la disparition de Ben Barka, tout reste encore à dire. La parution d’un nouvel ouvrage sur de Gaulle vient apporter une (petite) part de lumière…
La parution de «De Gaulle inattendu», ouvrage collectif des éditions Nouveau Monde, n’est pas passé inaperçue au Maroc. Il y est question de Hassan II, avec une révélation faite sur la base des archives inédites du fonds Foccart. Jacques Foccart, surnommé «monsieur Afrique», est alors en charge de la diplomatie de l’ombre entre Paris et les capitales du continent. Il est donc au premier rang des concernés par la brouille entre la France et le Maroc suite à la disparition de Mehdi Ben Barka. Charles de Gaulle, furieux de cette affaire, rompt ces relations avec le Palais. Foccart décide d’envoyer un émissaire (anonyme) au Maroc pour tenter de rétablir les liens et surtout de connaître la position de Hassan II. C’est le compte rendu de cette réunion secrète qui est publié dans le livre. On y rapporte que le roi refuse de livrer son ministre de l’Intérieur -Mohamed Oufkir- à Paris pour les besoins de l’enquête, et encore moins de le renvoyer de son poste : «Comment voulez-vous que je sanctionne mon ministre, alors que c’est par dévouement qu’il a agi ? (…) Le général de Gaulle est soucieux de la dignité de la France. Je suis aussi soucieux que lui de la dignité de mon pays». Et d’ajouter : «Il (Ben Barka) avait essayé une fois au moins de me faire assassiner. Il complotait contre moi», avant de rappeler son ultime mission, celle «de la continuité de ma dynastie», pour laquelle il ne faut aucun compromis. «Quand on est chef de l’État, on n’en a pas le droit».