Depuis le 22 septembre, se tient sous le titre «La Terre Mère», une exposition photographique à la galerie de la CDG à Rabat. Le plus important est la participation d’artistes photographes venus de l’un des continents les plus pollués ; l’Afrique. Les œuvres photographiques ne parlent pas, ne tiennent pas de discours mais figent des moments et laissent les images, sous les plis de la prise de vue, traverser les rétines pour se multiplier dans le cerveau. Ces images nous viennent du Mali, du Burkina Fasso, de la République du Congo, de l’Algérie, de l’Iraq, de la Mauritanie et du Maroc. Les images de J. Akil, K. Baraka, A. Benchaâbane, Kenza Benjelloun, Y. Bnsaoud, A. Bibt, L. Boubelghiti, Hind Chouat, B. El Hammami, S. Ezammouri,cZ. Ibn Al arouk, A. Kaaouachi et M. Stira du Maroc; de B. Koulibaly, F. Diara et M. Kalopo du Mali ; de Nadia Farroukhi de l’Algérie ; de A. Bitibaly du Burkina Fasso; decC. Ziavoula de la République du Congo ; de I. Mansour de l’Iraq et A. Sow de Mauritanie. Tous ces artistes ont manifesté un intérêt particulier pour le devenir de notre planète. Entre ceux qui la regardent avec optimisme essayant de la saisir par ce qu’elle donne de meilleur (Coquelicots de Akil) et ceux qui la voient dévastée infestée par les déchets de l’humain : Hassan Nadim (Maroc) et Moussa Kalapo (Mali) et Chanzard Ziavoula (République du Congo) on trouve une série de points de vue qui traitent de la détresse de la Terre Mère voire la dérive qu’elle prend depuis quelques décennies.
Les images qui nous arrivent des quatre coins du monde s’impriment dans l’imaginaire. Elles sont semblables à des scènes de destruction massive de la faune et de la flore, de l’eu du sol et de tout signe de la vie. Pire que les images des déluges que des récits imaginaires ont relaté dans plusieurs civilisations.
Les artistes sont des visionnaires, nous lancent-ils des signes avant-coureurs ? Regarder comment sera la terre demain si on continue le déboisement et le vandalisme nous alertent les photos de K.Benjelloun. Les montagnes de déchets que montre Kalapo et les matières gluantes dans lesquelles nagent enfants et adultes que propose Chanzard Ziavoula sont de véritables visions cauchemardesques.
Dans l’introduction du catalogue de l’exposition Dina Naciri, Directrice Générale de la Fondation CDG, «espère que ces photographies sensibilisent le public aux problèmes de l’environnement et éveillent les consciences des acteurs politiques et de la société civile». Elle affirme par ailleurs que les œuvres exposées «interrogent la société sur les dangers auxquels s’expose notre planète» ainsi que sur les relations des êtres humains à la nature en remettant «en cause le socle idéologique qui a fondé nos manières de faire et de penser». Certes notre relation à la nature a été tôt bâtie sur le profit et la sommation de la terre Mère affin qu’elle donne plus qu’elle ne peut.
L’exposition «La Terre Mère» ressemble à un manifeste ou plutôt un hommage pour la nature et contre sa destruction systématique.
Par Moulim El Aroussi