Qu’ils la critiquent ou qu’ils prennent en modèle à suivre, les Marocains ont longtemps eu le cœur et l’esprit tournés vers l’Egypte. Le comment et le pourquoi d’une relation plus complexe qu’elle n’y parait.
Pour les Marocains, l’Egypte constituait la porte de l’Orient et le pont qui les reliait au berceau de l’Islam et à la Qibla de la Mecque. Ils s’y rendaient une fois par an pour accomplir l’un des piliers de leur foi. C’est une terre de transit incontournable pour le pèlerin. Dès lors, le pays du Nil a connu un mouvement inlassable des peuples du Maghreb, qui ne connaissait ni interruption, ni accalmie, tout au long des jours de l’année. En plus d’être une étape du pèlerinage du Hajj, les plus érudits en profitaient pour faire un détour par la célèbre Université Al-Azhar, une des plus respectées en terre d’islam. Ils y obtenaient des diplômes et intégraient, de ce fait, le vaste réseau de théologiens reconnus dans le monde islamique.
Depuis les premiers âges de l’Islam, les Marocains ont appris à consigner leur expérience du Hajj. La rihla (voyage) à la Mecque est devenue un genre littéraire à part entière, florissant et incontournable. Les pèlerins marocains, en particulier les plus érudits, tenaient à transcrire leurs observations et leurs impressions sur la «terre de Kinana» ou la «bien-gardée» (al-mahroussa), façon de désigner la terre d’Egypte. Et si l’on regarde les écrits des Marocains sur les pays d’Orient en général, on constate qu’ils oscillent entre l’admiration et la révérence d’une part, et la critique la plus cinglante d’autre part.
Le voyage d’Abou Salem Al-Ayachi au XVIIème siècle a été une étape importante pour ce type de littérature, servant de modèle pour ceux qui sont venus après lui. Les Marocains admiraient la terre d’Égypte parce qu’elle a abrité de grands érudits malékites, dont les œuvres sont étudiées dans la mosquée-université d’Al-Qaraouiyine, et ailleurs, comme le Moukhtassar (abrégé) de Cheikh Khalil et ses commentateurs distingués, Al-Zarqani et Al-Kharchi.
Par Mohamed El Mansour
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Le marocain de passage par L’Egypte, n’était intéressé ni par Ramses II ni par thoutmosis III