Au Maroc, le parasol royal a une longue histoire, qui a connu une évolution contrastée tant dans la forme que dans la signification, au fil des siècles. La dynastie saâdienne puis alaouite, à leur niveau, ont fait usage d’une façon assez systématique du parasol. Jocelyne Dakhlia écrit à ce propos : «C’est sous les Saâdiens et à partir des règnes d’Abdelmalik (1576-1578) et d’al-Mansour ad-Dahbi (1578-1603), que le signifiant flottant qu’est le parasol, commun à de nombreuses dynasties, se nationalise peu à peu et devient plus spécifiquement un emblème marocain». Ce qui rend célèbre le parasol comme emblème alaouite, c’est le tableau d’Eugène Delacroix créé en 1845. Le sultan Moulay Abderrahmane y est représenté sur son cheval à la sortie du palais de Meknès. De fait, comme l’écrit Dakhlia, le croquis original et qui colle de près à la réalité a été composé par le célèbre peintre dès 1832. Il représente le même sultan recevant l’ambassadeur du roi Louis-Philippe. Mais le parasol était presque fondu dans la masse. Ce qui est curieux, c’est que c’est Hubert Lyautey, un chrétien, qui fera un usage très «idéologique» du parasol. Le service protocolaire chérifien du temps du sultan Moulay Youssef, sans doute inspiré par ce Résident général, s’arrange pour que le parasol soit toujours porté très haut dans l’air. Il est tenu par un esclave, réel ou du moins perçu comme tel, de sorte que ce symbole aérien le soit vraiment. C’est la première chose qu’on voit de la masse compacte qui accompagne toujours le sultan.
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