En terre d’islam, les Etats se sont toujours appuyés sur la «assabiya» tribale pour asseoir leur pouvoir politique. C’est la fameuse théorie d’Ibn Khaldoun qu’on connaît bien. Mais la théorie khaldounienne s’arrête avec les dynasties berbères et l’émergence, à partir du XVIème siècle, des dynasties chérifiennes. Les Saâdiens ont, semble-t-il, mis sur pied des contingents militaires composés d’esclaves noirs, ramenés au Maroc à l’issue de la grande expédition d’Ahmad Al Mansour au Mali, en 1591. Mais nos connaissances sur cette armée noire saâdienne sont limitées parce que l’expérience n’a jamais abouti à une armée aussi structurée et de grande ampleur que celle des Abids de Moulay Ismaïl. Les Alaouites sont des chorfa qui ne s’appuyaient pas sur la ‘assabiya tribale. Pour gouverner le pays et étendre leur pouvoir, il leur fallait donc concevoir et mettre sur pied une force militaire. Ils ont d’abord élevé un certain nombre de tribus au statut militaire, en créant les tribus «guich», comme les Oudaya et les Chraga. Enfin, Moulay Ismaïl a pensé à une armée professionnelle indépendante de toute appartenance tribale et totalement dédiée au service de l’Etat. Une armée de combattants salariés, car les deux premières catégories étaient toujours constituées de « paysans-soldats » qui dépendaient, pour leur subsistance, de l’exploitation des terres qui leur étaient allouées par le Makhzen.
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