Le roi Mohammed VI avait plusieurs sujets à évoquer lors de son discours tenu, samedi 30 juillet dernier, à l’occasion du 23ème anniversaire de son accession au Trône. Au menu la volonté de dépoussiérer le code de la famille, les enjeux économiques, le rôle social de l’état et l’apaisement avec l’Algérie…
Après plus de deux décennies de règne, le roi Mohammed VI n’oublie pas de regarder dans le rétroviseur. «L’Histoire du Maroc abonde en leçons et en réalisations», dit-il au moment d’amorcer la conclusion de son discours de la fête du trône 2022. C’est avec le ton de la sagesse que le souverain, qui boucle ses 59 ans cet été, s’est adressé le 30 juillet dernier à la nation. Un discours qui, dès le début, fait référence à l’Histoire, qui, malgré ses «vicissitudes», n’entament pas la «forte symbiose» entre le roi et son peuple. Et qui cette année, fait coïncider la fête du trône avec le nouvel an du calendrier de l’Hégire qui affiche désormais 1444 années au compteur. D’emblée, le souverain a évoqué l’un des moments phares de son règne, la promulgation du code de la famille en 2003. À l’époque, Mohammed VI avait pris le sujet à bras le corps ce qui a notamment permis une avancée considérable dans le domaine des droits de la femme marocaine. Presque vingt ans plus tard, l’heure n’est plus à l’autosatisfaction, bien au contraire. Pour le roi, ce progrès «ne suffit plus en tant que tel» car «l’expérience a en effet mis en évidence certains obstacles qui empêchent de parfaire la réforme initiée et d’atteindre les objectifs escomptés». C’est donc l’heure de réformer la réforme pour enfin consacrer «l’égalité homme-femme en droits et en obligations» et ériger ainsi, par le «principe de parité en objectif que l’Etat doit chercher à atteindre». Une tâche qui devrait incomber dans un avenir proche au Parlement. Quant aux collectivités, elles devraient, selon les souhaits du souverain, faciliter l’accès de tous aux tribunaux de la famille.
La suite du discours est de nouveau orienté vers les plus nécessiteux, qui en ont eu à subir la double crise du Covid et de la guerre en Ukraine. Il s’agit là de confirmer là les bases d’un Etat providence, prêt à soutenir les plus fragiles. Mohammed VI rappelle d’abord le chemin parcouru «en moins d’une année, le nombre des travailleurs non-salariés et l’effectif de leurs familles bénéficiant de l’AMO (Assurance Maladie Obligatoire ndlr) ont franchi la barre des six millions d’adhérents». D’ici l’année prochaine, l’idée est de «mettre en œuvre le projet de généralisation graduelle des allocations familiales, conformément au planning arrêté», précise le roi tout en appelant «à l’opérationnalisation diligente du Registre Social Unifié, considéré comme le principal mécanisme pour l’octroi d’un soutien efficace». Enfin, et comme l’année passée, Mohammed VI a de nouveau appelé à une normalisation des relations avec l’Algérie, qui les a officiellement rompues à l’été dernier. Cette fois, le souverain s’est directement adressé aux «individus irresponsables qui s’évertuent à semer la zizanie entre les deux peuples frères». Mohammed VI use de mots forts pour qualifier ces actes de «médisances […] totalement insensées et sincèrement consternantes». À travers son discours, le roi semble préparer les Marocains à une nouvelle année de défis, tout en affirmant que le royaume a les moyens de les affronter.