«La guerre ici, en 1908, rappelle les années les plus sombres de la conquête de l’Algérie». Cette comparaison est fournie par l’historien français Daniel Rivet dans son ouvrage Lyautey et l’institution du Protectorat au Maroc. Elle vient bousculer la légende d’une infiltration pacifique des Français au Maroc. Car avant 1912, l’empire chérifien était proche de subir le même sort violent que son voisin de l’Est. L’épisode de 1908 est celui de l’action armée française dans les plaines de la Chaouia. Cette dernière prétexte riposter à l’assassinat d’ouvriers européens du port de Casablanca. Les bombardements qui ont suivi ont fait un massacre dans la Chaouia, que l’armée française s’est félicitée en janvier 1908 d’avoir «pacifiée». Les terres y ont été brûlées et les morts se comptaient par milliers. Ces mesures rappellent celles opérées en Algérie entre 1830 et 1847, qui ont commencé par un débarquement puis fini par une annexion du pays à la France. Sur cet épisode, l’historien conclut que «c’est ainsi que la Chaouia est littéralement algérisée entre 1908 et 1912». Heureusement, l’attention portée sur le Maroc par d’autres puissances rivales de la France empêchera un scénario «à l’algérienne».
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