Toute chose est causante et causée, comme dirait Pascal, et les changements qui s’opèrent sur la scène mondiale ne manqueront pas d’influer sur notre pays. Comment faire pour prendre le vent et diriger le voile ?
Les acteurs d’abord. Aucune nation, dans le proche avenir, n’est en mesure de disputer aux états-Unis son imperium, du moins au Moyen-Orient. La phase où Russie et Chine osaient narguer les états-Unis est derrière nous. L’Ukraine tout autant que Gaza et la Syrie furent et demeurent les champs de bataille des grands par des proxies, ou procuration. L’union européenne est le grand absent dans l’échiquier mondial. Sur le plan régional, l’Iran ne pèsera pas en dehors de ses frontières. Il ne sera pas exempt de remous internes.
La mondialisation se présentera sous une forme hybride, une globalisation de marché, avec des règles de protectionnisme. On n’est plus dans le laisser faire, laisser passer. Les convenances internationales céderont à la force, ou la menace de force. Nous avons un nouvel invité qui changera notre monde et perception du monde, l’IA. Souhaitons qu’il s’en tienne à son rôle d’invité et ne devienne maître des lieux. Il y aura autant d’éléments d’espoir que de craintes. Nous sommes dans le chien-loup.
On ne peut que se réjouir de la cessation des hostilités à Gaza ; qui devrait en bonne logique déboucher sur la reconstruction de la bande (territoriale, cela s’entend) et la reconnaissance des droits des Palestiniens à s’autodéterminer. Mais la fête est gâchée par l’idée de «transfert» des populations de Gaza, prononcé Mezzo Voce, par le président américain fraîchement élu. C’est la voie pour déstabiliser les pays amis des Etats-Unis dans la région, l’Egypte et la Jordanie, et mettre les pays du Golfe dans la gêne. Notre pays ne pourrait pas et ne devrait pas souscrire à un tel dessein. C’est la voie au Méta chaos. C’est toujours le même Trump qui, avant le premier mandat en tant que candidat, avait dit que les Etats-Unis gagnent la guerre et perdent à l’après-guerre. C’est cette malédiction qu’il faudra conjurer. Il est toujours possible, malgré les blessures vives et les cicatrices, de faire coexister dans la dignité, le respect, la sécurité, deux peuples, ou concrètement Israéliens et Palestiniens. Cela ne peut qu’avoir des effets positifs sur le monde arabe, en neutralisant les Refuzniks et les priver d’un faire valoir. C’est une opportunité à ne pas manquer, dans cette phase de recomposition du monde. Un nouveau monde arabe pourrait ré-émerger, qui a longtemps pâti de blocage par l’immixtion des forces extérieures. La négation du peuple palestinien, sous quelque forme que ce soit, est la voie de l’enfer. La pire serait de l’extraire de sa terre. Il ne faut pas attendre que le feu s’embrase pour essayer de l’éteindre. Cela pourrait être couteux et souvent vain. Il faut éviter le méta chaos. Souhaitons que la proposition de Trump, ne soit qu’un ballon d’essai, aussi mort que jeté, et passons aux choses sérieuses. L’espoir est permis. Il ne faut pas l’étouffer.
Par Hassan Aourid, conseiller scientifique de Zamane