Deux mois après le fameux discours de Tanger, du 10 avril 1947, dans lequel le sultan Mohammed V s’était prononcé clairement en faveur de l’affranchissement total du Maroc du protectorat, une «rumeur persistante bien étrange», selon les services de renseignements français au Maroc, commença à circuler. Cette «rumeur» émanait, selon un télégramme envoyé par le consul de France à Tétouan, du Palais khalifien. Des proches du khalifa Moulay Hassan ben Mehdi, racontaient à qui voulait bien les croire qu’après le départ du résident général Eirik Labonne, que Paris avait rappelé pour n’avoir pas su contrôler le sultan, et son remplacement par le maréchal Juin, le souverain avait élaboré un «projet secret» pour s’enfuir par avion de la zone française. Cela devait se faire au mois de septembre. En s’enfuyant Mohammed V cherchait, selon ce télégramme, premièrement à «rejoindre au Caire les nationalistes marocains et y constituer un Makhzen en exil», et deuxièmement «gagner l’Amérique pour y acheter du matériel de guerre et passer (…) à protectorat américain». On devine l’état d’esprit des Français face à un imbroglio juridique et potentiellement explosif avec un Makhzen contrôlé à Rabat, et un autre en exil au Caire.
L’histoire nous raconte que Mohammed V ne s’est finalement pas enfui au Caire, mais cette rumeur était un signal de l’hostilité croissante qui allait opposer le Palais impérial à la Résidence générale dirigée par le maréchal Juin.
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