Révolté dans l’âme, militant du savoir (et de la diffusion du savoir), Germain Ayache est le symbole de ces générations de juifs marocains qui ont tant apporté à la nation. Zamane dresse son portrait.
Ce n’est pas facile pour moi d’évoquer, non sans émotion, feu Germain Ayache. Il a été mon professeur, puis mon collègue à la Faculté des lettres de Rabat. Et un grand historien et chercheur, qui a élevé l’histoire au rang de science. Germain Ayache est né en 1915 au sein d’une famille juive marocaine de Saïdia dans l’Oriental. Cette famille avait acquis la nationalité française depuis la fin du XIXème siècle comme conséquence de séjours fréquents du grand-père de Germain, un négociant, en Algérie voisine où les juifs avaient bénéficié de la nationalité de la puissance coloniale en vertu du décret Crémieux de 1870. D’ailleurs, il n’était pas rare à cette époque de voir des juifs marocains effectuer des séjours en Algérie pour justement repartir avec un passeport français.
Très tôt le choix communiste
Après des études à Berkane, Oujda, Rabat et Bordeaux, il a décroché l’agrégation en lettres classiques, puis un poste d’enseignant au lycée Lyautey de Casablanca (rebaptisé Mohammed V ultérieurement). Le jeune enseignant a adhéré au Parti Communiste en 1936 et y a joué un rôle important au sein de la jeunesse. Peu d’années après, c’était le tumulte de la Deuxième guerre mondiale dans lequel le Résident général Noguès avait choisi de s’aligner sur Vichy et d’appliquer au Maroc ses lois antijuives. Germain Ayache fut l’une des victimes de ces lois puisque il a été congédié de son poste d’enseignant au lycée Lyautey.
Jamaâ Baida
Lire la suite de l’article dans Zamane N°102 (mai 2019)