Chung Ju-Yung serait centenaire aujourd’hui. Du haut de ces 100 ans, il aurait vécu à une des plus grandes sagas automobiles de tous les temps : celle du groupe coréen Hyundai qu’il fonda en 1947.
Ce ne sont pas toujours les diplômes qui forgent un homme et sa capacité à entreprendre. Le travail, l’esprit créatif et la débrouillardise peuvent faire des miracles à l’image du groupe Hyundai, fondé en 1947 par Chung Ju-Yung. À défaut d’être un brillant ingénieur, ce fils de paysan, né en 1915, avait la force de fatiguer ses bras et l’art d’utiliser ses dix doigts autant que ses neurones. Voulant être indépendant à 16 ans, Ju-Yung quitte les bancs de l’école et la demeure parentale pour aller exercer de petites besognes. Il vend du riz, livre de la marchandise et répare des voitures à ses heures perdues. Sans être vraiment passionné d’automobiles, l’homme est surtout dégourdi et visionnaire. À 32 ans, il a assez d’expérience et de maturité pour lancer sa propre petite entreprise. C’est ainsi qu’est née, en 1947, la Hyundai Engineering and Construction, spécialisée dans l’entretien automobile et la construction. Hyundai signifiant « modernité » en coréen, sa philosophie était clairement tournée vers l’avenir et condamnée à réussir. Très vite, Ju-Yung décroche des marchés et travaille avec de gros clients, comme l’armée américaine, présente sur place durant la Guerre des deux Corées (1950 à 1953). Les employés de Hyundai furent ainsi chargés de réparer des Ford de l’US Army et de construire leurs campements. Au lendemain de la guerre, le groupe Hyundai est mandaté pour construire la première grande autoroute du pays, reliant Séoul à Busan et finalisée en 1968. Des débuts plus que prometteurs sur lesquels va capitaliser un Ju-Yung visionnaire, dans le sens où il avait flairé les besoins du pays en infrastructures, mais aussi l’automobile comme industrie d’avenir.
Par Alain Delaroche
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