Homme d’Etat, historien, littérateur, philosophe, soufi et médecin, Ibn al-Khatîb mérite d’être considéré comme la figure la plus illustre des deux derniers siècles de l’Espagne musulmane. De quoi susciter la jalousie des gens de cour qui le précipiteront vers une fin tragique.
Le vizir Ibn al-Khatîb était un miracle d’entre les miracles de Dieu en matière de prose et de vers, d’érudition et de littérature. Il était inégalable dans ce domaine, et personne ne pouvait s’y diriger comme lui ». Ibn Khaldûn ne tarit pas d’éloges pour décrire l’homme qu’il a connu intimement durant son exil andalou. Lorsqu’il arrive à la cour du sultan Muhammad V à Grenade en 1362, cela fait déjà presque 30 ans que Lisân al-Dîn Ibn al-Khatîb officie dans les arcanes du pouvoir. Des arcanes qu’il connaît depuis l’enfance puisque son père a rejoint la capitale nasride peu de temps après sa naissance pour se mettre au service du sultan Ismaïl Ier (1314-25). Son éducation, classique et variée (littérature, médecine, astronomie, philosophie et sciences religieuses), est par ailleurs marquée par la figure du vizir Ibn al-Jayyâb, l’un de ses principaux maîtres. C’est d’ailleurs sous les ordres de ce dernier qu’Ibn al-Khâtib démarre sa carrière politique, en tant que secrétaire particulier du sultan Yûsuf Ier (1333-54). Il a alors 20 ans.
Par Pierre-Alain Defossé
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