La deuxième édition du festival international du cinéma de montagne s’est tenue à Ouzoud dans la région d’Azilal, dans le Haut-Atlas central. Le concept est de réunir un certain nombre de films qui traitent de la montagne ou qui ont eu pour lieu de tournage la montagne. Ce moment exceptionnel de cinéma fut organisé par la Fondation «Sawt Al Jabal» durant cinq jours, du 3 au 7 septembre. Le festival en lui-même est un défi, car qui penserait grimper les hauteurs pendant une période de violents orages pour aller goûter aux délices du cinéma ? Il y a eu pourtant une énorme foule, de réalisateurs, des producteurs, des critiques, des acteurs et des artistes de tout genre : musique, danse poésie…
Le petit village né grâce aux cascades qui portent le nom d’Ouzoud, grouillait de gens venus de tout le Maroc, mais aussi de l’extérieur du pays. Des responsables gouvernementaux ont, pour certains, grimpé la montagne pour se confondre avec la foule le temps d’une belle soirée d’ouverture.
Des débats, des projections en plein air, des concerts de musique sur la principale place du village… Mais le cœur du festival reposait sur la projection de films venus des quatre coins du monde. Sept films faisait partie de la sélection : du Maroc, de la Tunisie, de France, mais l’Asie attire plus les spécialistes de ce genre de cinéma, avec des films venus de Turquie, d’Iran, du Japon et du petit pays enclavé entre la Chine et l’Inde du nom de Bhoutan. Dire un petit pays, en faisant allusion à sa superficie, ne lui enlève rien de sa grandeur culturelle. Et pour cause, le film bhoutanais du nom de «L’école du bout du monde-Lunana», de Pawo Choyning Dorji, a été récompensé du grand prix du festival. Tous les prix ont été attribués à des films asiatiques.Le film japonais «Le mal n’existe pas», de Ryusuke Hamaguchi, a obtenu le prix de la meilleure mise en scène ainsi que celui du meilleur rôle masculin. Pour le meilleur scénario, il a été décerné au film iranien « Hit the road » de Panan Panahi. Quant au prix de la meilleure interprétation féminine, il a été magistralement remporté par l’actrice iranienne Pantea Panahih pour son rôle dans le film « Hit the road ».
Parallèlement à la sélection des longs métrages de fiction, il y avait une sélection de films documentaires et dont les récompenses ont été ainsi décernées : « le grand prix à la ferme de Bertrand » du français Gilles Perret, le prix du Jury à « Omi Nobu-l’Homme nouveau » du cap-verdien Carlos Yuri Ceuninck et une mention spéciale à « La rivière » du français Dominique Marchais.
Un grand moment de cinéma où l’élévation n’était pas uniquement une grâce de l’altitude mais aussi surtout grâce à la charge émotionnelle et la profondeur spirituelle des films. Ces œuvres ont fait vivrele public tous les caprices des montagnes du monde, mais l’Atlas, comme par jalousie, a réagi le quatrième jour avec un violent orage qui a contraint les organisateurs à interrompre les projections car les tonnelles qui abritaient le public ont cédé sous la générosité du ciel.
Mais la fondation «Sawt Al Jabal» a déjà mis en chantier une salle de cinéma pour parer à ce genre d’incident. L’année prochaine, le public pourra regarder les films sans inquiétude.
Par Moulim El Aroussi