Le vingtième anniversaire du 11 septembre, ne fut pas comme les autres. On n’aura pas entendu de la bouche des responsables américains les antiennes sur la menace terroriste, la guerre contre le radicalisme, ou les prouesses des services américains dans leur traque des djihadistes. Quelques semaines avant le fatidique anniversaire, le président Joe Biden avait ordonné le retrait des forces US. de l’Afghanistan. Ceux que les Américains avaient combattus et délogés, les Talibans, reviennent, et de plus belle, auréolés d’une double légitimité : au nom d’un certain puritanisme, et celui d’avoir résisté à l’agresseur. Tout ceci, pour cela !
Dans les sphères pensantes et agissantes, on disait que le jeu ne valait pas la chandelle. Le coût de la guerre contre le terrorisme, fut exorbitant, lit-on dans le très sérieux Foreign Affairs (automne 2021), pas qu’en termes financiers, mais moral aussi. La guerre fut affreuse et sapait les principes «sacro-saints» de la démocratie et des droits de l’homme. Le branché Ben Rhodes, conseiller d’Obama, dit dans son article «Eux et nous», qu’enfin de compte, l’Amérique fut prise en otage par ceux qu’elle traquait.
Les deux perdants, in fine, furent l’Amérique et le monde islamique, et le bénéficiaire, la Chine, ou le PCC, pour plus de précision. Après tout, les groupes terroristes sont réduits à néant et ne constituent plus une réelle menace. Une nuisance, certes, sans plus. Que peuvent-ils faires sans ogives nucléaires, projet de société, une ramification sociétale à l’image du Parti communiste chinois, ou soft power ? Et c’est là où le bât blesse. Le PCC en a à revendre. Oui, il y a un changement de cap chez les maîtres des céans américains, et cela déteindra sur le monde. Il a déjà commencé, le changement, sans un Yalta qui détermine les zones d’influence, avant un grand absent, l’Europe, qui a du mal à se mettre au diapason du nouveau monde. La France exhale ses aigreurs. Mais est-ce possible, désormais, d’être en classe business, quand on a un billet éco ? La France fut surclassée après la défaite de Vichy, grâce au bon vouloir de Roosevelt et le cynisme de Churchill. Autres temps, autres règles.
Mais revenons à nos moutons. Le terrorisme fait-il partie du passé ? Mon opinion compte pour du beurre, et je réfère à quelques voix qui comptent, celles au sein de l’armée américaine, qui osent exprimer leur désaccord avec les politiques, sur le traitement du dossier des Talibans. La déclaration du « Chief of Staff », Mike Milley, devant le Sénat, a poussé plusieurs sécuritaires, dans le monde, à mettre leurs montres à l’heure américaine. «Nous devons nous rappeler que les Talibans étaient et restent une organisation terroriste, dit-il, et qu’ils n’ont toujours pas rompu leurs liens avec al Qaida».
Le danger n’est donc pas évacué, et dans ce recentrage du monde, le terrorisme demeurera une menace, latente et résiduelle. Quant à la Russie, elle a toujours rêvé de faire partie du grand Occident. Tactiquement, elle se range du côté de la Chine, mas stratégiquement, elle lorgne sur l’Occident.
Bof, la nouvelle donne se complique davantage, avec un pastiche de «guerre froide» et de clash des civilisations. On aura au mieux l’avantage, dans cette nouvelle séquence, de ne pas se faire berner de chimères, ou de merveilles.
Je crois pour ma part que le Maroc, a fait le bon choix, sur les axes stratégiques. Reste à les consolider et surtout dans cette sphère qui me tient à cœur, l’éducation. Et si on optait pour l’anglais, en lieu et place du français ! Un mien maître, marocain de son état, issu des valeurs de la troisième république (française) nous disait sur les bancs du lycée, que la bonne éducation était d’apprendre à vos enfants à chasser les lapins, dans les prés, où ils existent, et la mauvaise était de leur apprendre à chasser les lapins, là où ils ont cessé d’exister. Magister dixit.
Par Hassan Aourid, conseiller scientifique de Zamane