Après un tour du monde pour promouvoir le cinématographe des frères Lumière, c’est dans l’ombre du palais impérial que va se sceller la destinée marocaine de Gabriel Veyre. Grâce à lui, l’empire chérifien découvre la photographie, l’électricité, le téléphone ou encore la radio.
Aquelques pas de la cathédrale du Sacré-Cœur de Casablanca, dans un petit îlot de villas Art-Déco, se trouve la rue du Docteur Veyre. Si le promeneur apprécie la quiétude de ces lieux ayant résisté à l’assaut des promoteurs immobiliers, sait-il que c’est là, au début du XXe siècle, qu’ont vu le jour bon nombre d’innovations qui allaient faire entrer le Maroc dans l’ère de la modernité ? Car c’est là que vivait un Français original, artiste et créateur dans l’âme, bricolant sans cesse de nouvelles inventions destinées à améliorer la vie des habitants d’un pays qui a changé la sienne. C’est également à lui que l’on doit les premiers clichés du Maroc, où il est arrivé un jour de 1901 par la grande porte, invité à initier le sultan Moulay Abdelaziz à l’art de la photographie et autres découvertes récentes. Mais ce n’était pas là la première de ses aventures.
Bref retour en arrière. Nous sommes en 1896, Gabriel Veyre a 25 ans et vient d’achever son doctorat de pharmacie à l’Université de Lyon. Depuis la mort de son père, un notaire de village qui n’a laissé aucun héritage, il doit faire vivre sa mère désargentée et ses cinq frères et sœurs. La solution serait d’ouvrir une pharmacie, mais Gabriel n’a pas le moindre sou pour l’acquérir. C’est alors que s’offre la possibilité de sortir les siens de l’ornière financière, par l’entremise d’un cousin qui le présente aux frères Lumière pour lesquels il travaille.
Par Laetitia Dechanet
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