Témoin et acteur du XXe siècle, Charles-André Julien aura mis, avec cœur et énergie, son savoir, sa liberté de jugement et ses convictions au service de la décolonisation des pays du Maghreb. Retour sur une personnalité peu commune.
Le nom de Charles-André Julien est attaché à celui du Maghreb à plus d’un titre. Comme historien, journaliste et homme d’action, il a consacré sa vie et son œuvre à cette région du monde où il a vécu et travaillé longtemps. Son premier contact avec le Maghreb, c’est l’Algérie en 1906, alors qu’il n’a que quinze ans. A Oran où son père est nommé professeur, l’adolescent découvre peu à peu ce que la colonisation veut dire. Au lycée d’abord, quand il s’aperçoit qu’un seul Algérien musulman est scolarisé dans tout l’établissement. Le bac en poche, il est obligé pour des raisons familiales, de travailler comme rédacteur à la préfecture d’Oran. A ce poste, il mesure l’arrogance des grands propriétaires de la région de l’Oranais, la prédation des richesses du pays par une minorité de Français, bref l’iniquité du système colonial. Voilà qui détermine son engagement politique : lycéen, il entre dans les Jeunesses socialistes ; à vingt-six ans, il est président de la Ligue des droits de l’Homme ; trois ans après, son élection au poste de conseiller général à Oran, en tant que socialiste, marque son entrée dans la vie publique et son investissement dans les relations entre la France et l’Afrique du Nord ; en 1920, lorsque la SFIO1 se divise, il adhère au Parti communiste français (PCF) qu’il organise et anime en Algérie.
Par Ruth Grosrichard
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