En pleine cérémonie officielle, la rencontre entre l’écrivain français Jean Giraudoux et moulay Youssef va propulser les deux hommes dans une dimension artistique bien loin du protocole.
Qui sait que Jean Giraudoux, en visite au Maroc en 1923, avait rencontré le sultan Moulay Youssef à Fès et qu’ils avaient, lors de cette brève rencontre protocolaire, intensément parlé de poésie, d’une horloge magnifique et d’un tracé de route ? Cette rencontre semble avoir impressionné l’auteur d’Electre et ses amis comme Youssef Mohamed Reda, traducteur de cette tragédie qu’il dédicaça ainsi : « A mon ami Jean Giraudoux, qui fut honoré par le sultan Moulay Youssef du titre de « poète officiel du gouvernement français » ». Certes Jean Giraudoux « n’invente rien », « choisit et arrange toujours, ajoute souvent et grossit parfois », mais il semble que le récit qu’il fait de sa rencontre avec le sultan Moulay Youssef est précis, clair et juste.
Ô temps suspends ton vol…
Que s’est-il passé d’inédit pour que Jean Giraudoux s’en souvienne avec tant d’émotion ? Voici comment l’écrivain rapporte les faits : « Alors qu’avaient défilé devant le descendant du Prophète, sans qu’il les arrêtât, tous les magnats de nos industries et de nos travaux publics, il me retint, sur la foi de l’indication de Ben Ghabrit, me demanda longuement mon avis sur une horloge magnifique qu’il voulait acheter et sur une route qu’il créait à travers ses domaines et qui comportait des tunnels. Il estimait, par un raisonnement qu’aucune administration ne m’avait fait l’honneur d’imiter – que ce soit celle des porcelaines nationales de Sèvres, ou celle des haras du Pin –, que le poète du Ministère des Affaires Etrangères était aussi qualifié que le premier ingénieur de l’Etat pour l’inspirer dans le choix de l’instrument qui marquerait le temps. »
Par Abdeljlil Lahjomri , directeur du Collège royal
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