Religion : Un pape au Maroc
C’est le genre d’évènement rare, qui n’arrive pas deux fois à la même génération. La dernière visite papale au Maroc date de 1985, avec le séjour mémorable de Jean Paul II, invité par Hassan II. En 2019, c’est donc au tour de François 1er, devenu pape en 2013, d’effectuer un séjour en terre marocaine les 30 et 31 mars 2019. Le Vatican évoque une visite « placée sous le signe du développement du dialogue interreligieux, de la compréhension mutuelle entre les fidèles des deux religions et de la promotion des valeurs de paix et de tolérance ». À Rabat et à Casablanca, le souverain pontife a eu le temps de rencontrer les fidèles chrétiens, mais aussi de s’entretenir avec le roi. Le clou de la visite est sans doute la messe célébrée par François 1er au Complexe sportif Moulay Abdellah, à Rabat. Un évènement qui fait directement écho au passage de Jean Paul II au stade d’honneur de Casablanca, 34 ans plus tôt.
Politique : La quête d’un nouveau modèle
«Nous aspirons à un modèle de développement authentiquement marocain». Ces mots prononcés par le roi Mohammed VI, le 20 août dernier à l’occasion du 66ème anniversaire de la Révolution du roi et du peuple, ne sont pas restés lettre morte. Plus qu’un souhait, c’est un véritable objectif politique que s’est donné le chef de l’Etat. C’est ainsi que, le 13 décembre, il charge Chakib Benmoussa, ancien ministre de l’Intérieur et ambassadeur chérifien à Paris, de présider une commission spéciale chargée du nouveau modèle de développement. Elle est constituée de 35 personnalités d’horizons différents, mais qui ont tous pour objectif de livrer un rapport commun en juin 2020. Parmi ceux qui sont chargés d’inventer un avenir au Maroc, se trouvent des intellectuels et chercheurs tels que Mohamed Tozy, Rachid Benzine ou encore Driss Ksikes, journaliste et écrivain. Des ex-ténors de la politique sont aussi au rendez-vous, à l’image de l’ancien Premier ministre Driss Jettou. Enfin, la commission compte aussi sur d’autres membres comme Hakima Himmich ou encore Karim Tazi, grand patron connu pour ses prises de positions politiques critiques. Résultat des courses à l’été prochain.
Société : Le tour de vis sécuritaire ?
L’ère du numérique est bel et bien en marche. L’année 2019 confirme que c’est désormais sur internet que se joue l’essentiel des luttes politiques et sociales. Journalistes, militants ou citoyens exprimant une opinion, sont désormais scrutés et traqués sur la toile. Le mois de décembre est particulièrement marqué par une vague d’arrestations inédite. La dernière affaire en date concerne notre confrère Omar Radi, journaliste indépendant et activiste. Convoqué par la police judicaire le 26 décembre dernier, il est aussitôt mis en état d’arrestation et accusé « d’outrage à magistrat ». La justice lui reproche un tweet émis il y a 9 mois, où le journaliste pointe du doigt le juge ayant confirmé en appel la condamnation de 53 militants du hirak rifain à des peines allant jusqu’à 20 ans de prison ferme. Toujours concernant les affaires liées au journalisme, à noter également l’alourdissement, en appel, de la peine de Taoufik Bouachrine, portée en octobre dernier à 15 ans de réclusion pour « traite d’êtres humains » et « abus de pouvoir à des fins sexuelles ». L’ancien directeur du quotidien « Akhbar Al Youm » était à la tête de l’un des rares médias critique envers le régime. La détention de la journaliste Hajar Raïssouni, qui a pris fin le 18 octobre dernier après un mois et demi passés sous les verrous, vient confirmer le tour de vis sécuritaire. Cette fois, l’accusation s’est portée sur un supposé « avortement illégal » et « relations sexuelles hors mariage ». Hajar Raïssouni a profité finalement d’une grâce royale. Autre fait, la clémence refusée à l’association Racines, condamnée en avril à la dissolution «pour avoir hébergé» le tournage de l’épisode en trois parties, intitulé «l’épopée des nihilistes», de la web-émission «1 dîner, deux cons».
Enfin, l’année 2019 est aussi celle où de simples anonymes ne sont pas à l’abri de la répression. Ainsi un jeune lycéen écope de trois ans de prison, pour avoir partagé sur les réseaux sociaux les paroles de la chanson «3acha cha3b». Les auteurs de ce tube, vu des millions de fois sur internet, sont également en procès. L’un d’eux, Gnawi, a déjà été condamné à un de prison ferme en novembre dernier pour «insulte contre un corps constitué».
Politique : L’avènement du gouvernement El Othmani II
En octobre 2019, le chef du Gouvernement Saâdeddine El Othmani a obtempéré à l’injonction du roi, désireux de voir changer le visage de l’exécutif marocain. Le cru du remaniement 2019 est d’abord marqué par un effectif resserré, avec un cabinet réduit à 23 ministres contre 39 auparavant. Du jamais vu depuis 1979. Pour ce faire, le PJD (Parti de la Justice et du Développement) n’a pas hésité à sacrifier quelques uns de ses ministres, réduisant sa majorité à 6 portefeuilles contre 11 précédemment. Un effort partagé aussi par le RNI ainsi que par le MP qui se voient privés de trois postes gouvernementaux chacun. À noter, par ailleurs, le retrait des anciens communistes du PPS, qui rejoint les rangs de l’opposition. Enfin, l’autre fait marquant est la confirmation de profils technocrates, qui viennent dépolitiser un peu plus l’équipe gouvernementale. Ainsi Driss Ouaouicha, ancien président de l’Université Al Akhawayn, arrive à l’Enseignement supérieur. L’ex-directeur du CHU de Fès, Khalid Aït Taleb, occupe, quant à lui, le ministère de la Santé.
Culture : Enfin une Biennale digne de ce nom
140.000 visiteurs en trois mois. C’est le chiffre à retenir de la première édition de la Biennale de Rabat. La capitale vient ainsi supplanter Marrakech, dont la Biennale n’a jamais vraiment décollé. D’octobre à décembre, Rabat s’est donc muée en fief de la culture et de l’art contemporain. Un évènement organisé par la Fondation nationale des musées (FNM), dont le directeur, Mehdi Qotbi, explique : «Cette Biennale n’a pas manqué de marquer les esprits, à travers le grand succès qu’elle a connu. C’est une meilleure illustration du changement effectué dans notre paysage culturel. Ceci sans oublier d’évoquer les efforts en matière de restauration et de réouverture de musées, déjà en place au Maroc, qui ont retrouvé vie après tant d’années de souffrance». L’occasion aussi pour le FNM de dresser un auto-bilan flatteur de ces cinq ans d’existence. Concernant la Biennale de Rabat, 63 artistes et collectifs d’artistes sont venus de 27 pays différents, trois cartes blanches ont été consacrées à l’art contemporain, au cinéma et à la littérature, avec un accent mis sur l’art urbain. Le Maroc est en voie de se forger un nom sur la carte mondiale de la culture.
Judaïsme marocain : Appel au renouvellement des instances
2019 est sans aucun doute une année historique pour la communauté juive du Maroc. Et c’est du ministère de l’Intérieur que le coup de tonnerre est venu. Dans un communiqué du département de Abdelouafi Laftit, publié le 19 avril, sur injonction du souverain, il est demandé de respecter la «périodicité du renouvellement de ces instances, conformément aux dispositions du Dahir du 7 mai 1945 relatif à la réorganisation des comités de communautés israélites». En clair, le roi Mohammed VI souhaite redonner du crédit et de la vigueur aux instances qui régissent la vie de la communauté juive marocaine. Un nouveau souffle qui passe forcément par l’organisation d’élections au sein des communautés juives, non tenues depuis 1969. Cette intervention survient quelques jours après un autre fait marquant : la nomination par le roi de Yoshiyahu Pinto en tant que chef du Tribunal religieux. Quant aux élections, elles devraient aussi concerner le Conseil des Communautés Israélites du Maroc (CCIM) et son secrétaire général, Serges Berdugo.
Sport : C’est bien pour le TAS
Si l’année 2018 a consacré le football marocain à l’international, avec une participation honorable des Lions de l’Atlas à la Coupe de monde en Russie, un sacre continental avec le Raja de Casablanca en coupe de la CAF et une finale polémique du Wydad face à l’Espérance de Tunis, la surprise 2019 nous vient de notre championnat. Il faut même puiser dans la seconde division de la Botola pour déterrer une équipe historique, venue bousculer la hiérarchie du football national. En fin de soirée de ce lundi mémorable du 18 novembre 2019, l’arbitre de la finale de la Coupe du trône 2019 siffle la fin du match et consacre ainsi l’improbable victoire du Tihad Athlétic Sport (TAS). Le club du quartier Hay Mohammedi de Casablanca s’impose deux buts à un contre le Hassania d’Agadir et soulève la Coupe du trône, pour la première fois de son histoire. Un miracle devenu réalité au fur à et mesure que la vaillante équipe du Hay gravit les tours pour, enfin, savourer une victoire finale largement méritée. Et, comme on dit, « c’est bien pour le TAS » !