Patrimoine : L’année du judaïsme marocain
L’intérêt pour le patrimoine et la mémoire juive au Maroc ne date pas de cette année. Quasiment depuis le début de règne de Mohammed VI, la question de cette préservation est au centre de la politique culturelle. Un effort supplémentaire a toutefois été consenti ces derniers mois. Le 15 janvier dernier était inauguré Bay’t Addakira, un espace spirituel et patrimonial de préservation et de valorisation de la mémoire judéo-marocaine. Le roi s’est déplacé en personne à Essaouira, réaffirmant ainsi la volonté de poursuivre la valorisation du patrimoine juif au Maroc. Essaouira n’est pas victime d’amnésie. Elle se souvient du temps où ses habitants juifs faisaient sa réputation. L’autre tournant concerne l’éducation nationale. Depuis la rentrée scolaire, un nouveau cours en arabe dédié à l’histoire et à la culture judéo-marocaine est dispensé aux élèves de l’enseignement public à travers un manuel scolaire. Cette réforme, voulue par le roi, vise donc à accroitre la visibilité de la culture juive marocaine, en phase avec la Constitution qui mentionne dans son préambule que «la composante hébraïque est considérée comme l’un des affluents de l’identité nationale».
Coronavirus : Le grand chamboulement
Au tout début de l’année, une actualité de la lointaine province chinoise de Hubei, située en Chine centrale, prenait de plus en plus d’ampleur. Mais le monde était encore loin de se douter de ce qui allait lui tomber sur la tête. Si les origines de la pandémie demeurent encore obscures, ses conséquences ont rapidement chamboulé la marche du monde. Le Maroc n’avait aucune raison d’y échapper. Pourtant, la proclamation de l’état d’urgence sanitaire le 20 mars (actuellement toujours en cours), soit un peu plus de quinze jours après l’apparition du premier cas positif sur le territoire, s’est déroulée dans une ambiance studieuse. Le pays s’est lui-même surpris d’être capable d’autant de rigueur et de sens civique. Les mesures de confinement strict, l’épopée de la fabrication de masques locaux et l’implication totale de l’Etat sont allés jusqu’à susciter l’admiration des Européens, alors frappés de plein fouet par la propagation du virus. Relativement épargné durant quelques semaines, la situation a fini par s’aggraver à la fin du printemps. La fameuse exception marocaine aura tout de même eu le temps de refaire son apparition.
Frontières : Le Maroc marche sur l’eau
Gelé depuis le début des années 1980, le système juridique national pour les domaines maritimes est désormais précisément délimité. Le 30 mars dernier, le Parlement a voté deux projets de loi qui font de l’entièreté de la façade maritime atlantique une souveraineté marocaine, y compris dans les provinces du sud. À la publication dans la foulée de ces décisions dans le Bulletin Officiel, l’Algérie, ses alliés du Polisario et l’Espagne ont réagi. Madrid a riposté prudemment par l’intermédiaire de la ministre des Affaires étrangères, qui a déclaré sur son compte twitter que «l’Espagne et le Maroc conviennent que la délimitation maritime nécessitera de résoudre le possible chevauchement des espaces d’un commun accord et conformément au droit international». Seulement, l’intention du Maroc était en réalité connue depuis janvier dernier et la déclaration de Nasser Bourita à la suite d’une rencontre avec son homologue espagnole. Le ministre des Affaires étrangères avait alors déclaré que «le Maroc a le droit de délimiter sa zone maritime internationale». Une bonne chose de fait.
Covid-19 : Souriez, vous êtes masqués
C’est l’un des feuilletons les plus suivis de la première saison de la crise sanitaire. Dés le mois de mars, la question se pose avec insistance. Comment fabriquer, à des millions d’exemplaires et en un temps record, un objet vital pour la lutte contre le virus ? La réponse ainsi que la réalisation de cette prouesse incombe au ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique. Le département de Moulay Hafid El Alamy a dû y passer quelques nuits blanches. Au final, après quelques balbutiements, la machine s’est mise en route pour des résultats stupéfiants. En deux mois à peine, le Maroc était en capacité de fabriquer 14 millions de masques. Mieux, du 21 mai au 8 juin dernier, 18,5 millions d’unités ont été exportées par 69 entreprises vers 11 pays répartis sur les quatre continents. Aujourd’hui, le Maroc est donc exportateur et largement auto suffisant. Ne manque plus désormais qu’à porter convenablement ledit masque…
Festivités : La Fête du trône sans fête
C’est inédit dans l’histoire récente du royaume. Mais l’année 2020 est bien celle des grandes premières. La nouvelle, bien que pressentie, n’est tout de même pas passée inaperçue. Le 14 juillet, le ministère de la Maison Royale, du Protocole et de la Chancellerie informe que les traditionnelles festivités de la fête du trône prévues le 30 juillet prochain n’auront pas lieu comme à l’ordinaire. La pandémie de coronavirus en est évidemment responsable : «Prenant en considération les mesures préventives prises dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, déclaré pour lutter contre la propagation du virus Covid-19, il a été décidé de reporter toutes les activités, festivités et cérémonies prévues à l’occasion de la célébration du 21ème anniversaire de l’accession de Sa Majesté le Roi Mohammed VI». C’est la première fois en 21 ans de règne que la fête du trône est ainsi chamboulée.
El Guergurat : Circulez, il n’y a rien à voir
Ce n’est pas faute d’avoir prévenu. Depuis des mois, des éléments du Polisario viennent narguer les FAR et les observateurs de la MINURSO au poste frontière sud qui sépare le Maroc et la Mauritanie. Pire encore, les séparatistes dont la voix est de moins en moins audible à l’international, décident de bloquer le passage, emprunté essentiellement par des camions de marchandises qui ravitaillent les voisins du Sud. Mais au matin du 13 novembre, le Maroc a décidé de siffler la fin de la récréation à El Guerguerat. Sur ordre du roi, Chef suprême et Chef d’état-major général des Forces Armées Royales, les FAR lancent une vaste opération pour déloger les membres du Polisario, suivie de l’installation d’un cordon de sécurité. Le couloir est à nouveau débloqué. Les alliés du royaume s’en réjouissent tandis que la Mauritanie respire. De son côté, le tandem Polisario-Algérie est tellement pris de court que les grands discours guerriers ressurgissent. Pour les dirigeants du front, le cessez-le feu est rompu est la guerre est imminente. Encore faut-il en avoir les moyens.
Sahara : Les Etats-Unis et la souveraineté marocaine
C’est par un simple tweet que le monde a appris que les Etats-Unis reconnaissent la souveraineté marocaine au Sahara occidental. Les temps changent, tout comme ce dossier épineux du Sahara, d’ordinaire figé durant des années. Bien sûr, la décision de Donald Trump survient parallèlement à la normalisation des relations entre Rabat et Tel Aviv, mais ça, c’est une autre histoire. Concrètement, cette reconnaissance engage d’abord ceux qui la prennent, à savoir la première puissance mondiale. Ce qui renforce la position marocain même si, aux yeux du droit international, c’est le statu quo. Tant que l’ONU ne retire pas ses pointillés de la carte du sud marocain, la cause n’est pas encore gagnée. Toutefois, un allié d’un tel poids n’est certainement pas de trop pour les échéances à venir.
Diplomatie : Rabat et Tel Aviv renouent
Les officiels marocains ne parlent pas de «normalisation». Nasser Bourita, chef de la diplomatie, explique à Medradio que «la normalisation appartient au lexique du Moyen-Orient. Quand on salue un Israélien, c’est considéré comme normalisation dans certaines régions. Au Maroc, cet Israélien peut être un voisin ou un ami. Il existe des spécificités marocaines qu’il ne faut pas dissoudre dans un contexte moyen-oriental». Sans jouer avec les mots, les Etats chérifien et hébreu reprennent des «relations normales» après une rupture affichée suite à la seconde Intifada de l’an 2000. Si cette nouvelle reste un casse-tête pour les politiques, elle parait bien plus simple pour les peuples, surtout les Marocains juifs et la communauté d’origine marocaine en Israël. Désormais, des lignes directes sont établies pour des vols sans détours.